Mali : Saisie de 3 tonnes d’or chez Barrick Gold, une crise aux enjeux économiques majeurs

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Les autorités maliennes ont saisi trois tonnes d'or d'une valeur estimée à 180 millions de dollars, soit 115 milliards FCFA, sur le complexe minier de Loulo-Gounkoto, l'un des plus importants sites aurifères au monde exploités par Barrick Gold. Cette opération, exécutée à l'aide d'hélicoptères, marque une escalade dans les tensions entre Bamako et la multinationale canadienne. Ce site qui représente 14 % de la production mondiale de Barrick Gold, emploie environ 8 000 personnes, dont 90 % sont des nationaux.

En saisissant trois tonnes d'or, le gouvernement malien intensifie son bras de fer avec Barrick Gold. Cette opération spectaculaire, sur fond de renégociation des contrats miniers, reflète la volonté de la junte malienne de renforcer son contrôle sur un secteur clé de l'économie. Depuis plus de sept semaines, Barrick Gold n'a pas été autorisée à exporter l'or produit sur ce site. Un blocus qui a contraint l'entreprise à suspendre temporairement ses activités le 14 janvier.

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A l'origine du différend, une question de partage des revenus. En effet, les tensions entre les deux parties seraient dues à un audit minier mené récemment, au terme duquel Barrick n'aurait pas respecté certaines obligations fiscales et contractuelles envers l'État malien. Les autorités réclament désormais le paiement de montants évalués entre 300 et 600 milliards FCFA (environ 500 millions à 1 milliard de dollars), somme que Barrick conteste.

Dans un communiqué, le directeur des exploitations de Barrick pour l'Afrique et le Moyen-Orient, Sebastiaan Bock, a dénoncé une entrave à l'activité normale de l'entreprise et averti que la situation pourrait conduire à une suspension prolongée des opérations dans le pays.

Troisième producteur d'or en Afrique, le Mali tire une part importante de ses revenus de l'exploitation de ce métal précieux. L'or représente un quart du budget national et trois quarts des recettes d'exportation. Dans ce contexte, le gouvernement de la transition cherche à maximiser les retombées économiques en renégociant les contrats miniers pour obtenir une plus grande part des bénéfices générés par les compagnies étrangères.

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Le complexe de Loulo-Gounkoto illustre cette stratégie. Barrick Gold détient 80 % des parts de la mine, tandis que l'État malien en détient 20 %. En 2023, le Mali a adopté un nouveau code minier, imposant des exigences accrues en matière de transparence et de participation étatique dans les projets d'extraction.

Une stabilité économique et politique en jeu

Cette saisie de métal jaune et la suspension des opérations de Barrick Gold suscitent des interrogations sur les retombées pour l'économie malienne. Si cette démarche renforce la souveraineté économique du Mali, elle pourrait aussi refroidir les investisseurs étrangers, préoccupés par la stabilité réglementaire et politique du pays. Le maintien de 8 000 emplois locaux est également un enjeu majeur dans cette crise.

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Pour les analystes, il est crucial que Bamako trouve un équilibre entre la défense de ses intérêts nationaux et la préservation d'un climat attractif pour les investissements étrangers. L'avenir de Barrick Gold au Mali reste incertain, et tout nouvel accord devra concilier les ambitions de souveraineté économique du gouvernement et les attentes des multinationales.

Narcisse Angan

Publié le 15/01/25 09:58

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