L'ivoirien Marcel Amon-Tanoh n'est plus le secrétaire exécutif du Conseil de l'Entente, organisation ouest-africaine regroupant cinq pays membres (Bénin, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, le Niger et le Togo), œuvrant pour des objectifs d'intégration régionale.
Il a été débarqué de son poste qu'il occupait depuis le 4 janvier 2022, au terme d'un conseil des ministres extraordinaire des Etats membres, tenu ce 11 septembre par visioconférence.
Les griefs soulevés par le personnel de l'organisation en juin dernier contre son désormais ex-patron aura alors tourné à l'avantage de ceux-ci ?
En effet, au mois de juin dernier, les travailleurs du Conseil de l'Entente ont crié leur ras-le bol pour dénoncer selon eux les "importantes dérives constatées dans la gouvernance de l'institution" et exigé le départ de Marcel Amon-Tanoh. Ce mécontentement s'est manifesté par une menace de débrayage et d'un courrier adressé au président togolais Faure Yassimgbé, président en exercice de la Conférence des chefs d'État de cette institution sous-régionale.
Dans le libellé du courrier, les travailleurs ont dénoncé notamment le népotisme, le non-respect des procédures en matière de recrutement et de gestion des ressources humaines, le non-respect des procédures de dépenses et de passation des marchés, ainsi que les problèmes de gestion du projet de construction de la Tour de l'Entente à Abidjan.
Les agents ont également protesté contre la mise en œuvre de réformes non encore approuvées, la mise en place d'un cabinet pléthorique, le positionnement du directeur de cabinet au-dessus des directeurs de département, qui sont les représentants des États membres, ainsi que l'exclusion du représentant statutaire de la République du Bénin de toutes les activités du secrétariat exécutif depuis février 2022.
Dans la recherche d'une issue favorable à ce bras de fer entre le personnel et le secrétariat exécutif, le président Faure Yassimgbé a dépêché le 27 juin à Abidjan, capitale économique ivoirienne qui abrite le siège de l'institution, un émissaire, en l'occurrence Gilbert Bawara, ministre togolais en charge de la Fonction publique, qui a écouté les différentes parties et même été reçu en audience par le président Alassane Ouattara. Depuis cette phase, plus de nouvelles jusqu'à cette récente décision.
Ouatttara Wautabouna, nouveau secrétaire exécutif du Conseil de l'entente
Marcel Amon-Tanoh est remplacé par son compatriote Ouattara Wautabouna. Jusque-là directeur de cabinet du ministre ivoirien délégué auprès du ministère en charge des Affaires étrangères, il est un fin connaisseur des questions d'intégration sous-régionale.
Il a été directeur général des politiques d'intégration entre 2013 et 2022, où Il a imprimé ses marques dans le vaste chantier d'intégration sous-régionale en lien avec la CEDEAO, l'UEMOA et d'autres partenaires africains. Ce professeur titulaire au département des Sciences économiques et de gestion de l'Université Félix Houphouët-Boigny, a été nommé au rang d'ambassadeur à titre exceptionnel, le 23 mars 2021.
Il a à son actif plusieurs publications dans les revues scientifiques internationales, dont ‘'Dépenses publiques et croissance économique dans les pays de l'UEMOA'', parue aux Éditions universitaires européennes en 2011. Ouatttara Wautabouna est également membre du groupe des experts du Conseil de l'Entente et du comité de l'administration et des finances de la CEDEAO.
Narcisse Angan
Publié le 13/09/23 18:58