Mobilité: Les constructeurs indiens à l’assaut du marché camerounais

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L'Inde avance ses pions sur le marché automobile et motocycliste camerounais. Après avoir consolidé leur présence dans plusieurs pays d'Afrique de l'Est et de l'Ouest, des constructeurs comme Mahindra & Mahindra Ltd. et Spiro testent désormais le potentiel de la zone Cemac en ciblant le Cameroun, vitrine et porte d'entrée régionale. L'ambition est de "se tailler une place dans un marché encore dominé par les importateurs traditionnels de véhicules japonais et chinois, et profiter de l'intérêt croissant des autorités pour l'industrialisation et la mobilité verte".

Le 14 août 2025, Mahindra & Mahindra, mastodonte indien de l'automobile fondé en 1945 et leader des utilitaires dans son pays, a dévoilé à Yaoundé cinq modèles appelés à transformer l'offre locale. Au centre de cette offensive figure le Scorpio Pik Up, un 4x4 robuste et moderne destiné autant aux professionnels qu'aux particuliers.

Pour se distinguer de ses concurrents Mahindra parle de la fiabilité de ses produits, confirme la " disponibilité permanente" des pièces de rechange et rassure sur les coûts d'exploitation " réduits". Pour faciliter son implantation, l'industriel s'est appuyé sur un partenaire local, le groupe ARKAYS, via sa filiale ICE Automobile, afin de déployer un réseau de distribution et un service après-vente. Dès la fin de l'année, Mahindra "prévoit également d'introduire des SUV compacts, tel le XUV 3XO, pour séduire la clientèle urbaine en quête de confort et de modernité".

Quelques mois plus tôt, en mai 2025, c'est un autre acteur indien, Spiro, fabricant de motos électriques, qui avait fait parler de lui. Déjà présent au Togo, au Bénin, au Nigeria, au Kenya, en Ouganda et au Rwanda, l'entreprise a annoncé son entrée au Cameroun avec un projet pilote à Douala, incluant une flotte initiale d'une centaine de motos électriques et un réseau de stations d'échange de batteries tous les trois kilomètres. Son objectif est de lever l'un des principaux freins à l'électromobilité, l'autonomie, en proposant un coût d'utilisation largement inférieur à celui des motos thermiques – environ 1 500 FCFA pour 100 km.

La seconde phase de ce projet, soutenu par un financement de 29,1 milliards FCFA d'Afreximbank, prévoit la construction d'une usine d'assemblage et le recrutement de techniciens et d'ingénieurs locaux. En ligne de mire : la création de centaines d'emplois et le transfert de technologies, dans un contexte où le gouvernement camerounais encourage la mobilité électrique par des incitations fiscales inscrites dans la loi de finances 2025, notamment l'exonération des droits d'accises pour les véhicules électriques.

L'offensive indienne ne s'arrête pas là. Le conglomérat Hinduja Group, actif dans l'automobile à travers sa filiale Ashok Leyland, a officialisé en janvier 2024 son intention de s'implanter au Cameroun. Ashok Leyland, deuxième constructeur de poids lourds en Inde et grand fabricant d'autobus, envisage la création d'une usine d'assemblage dans le pays, en partenariat avec les collectivités territoriales. Un mémorandum d'entente a été signé avec l'Association des Communes et Villes Unies du Cameroun (CVUC) pour développer un réseau interrégional d'autobus, présenté comme une réponse aux difficultés chroniques de mobilité interurbaine et transfrontalière en Afrique centrale.

Mais au Cameroun, ce déploiement se fera sur un terrain hautement concurrentiel. Car le marché camerounais de l'automobile est tout sauf vierge. Toyota, via Cameroon Motors Industries, reste solidement implanté avec des modèles devenus des symboles de fiabilité. À côté, des importateurs comme Sky Motors inonde le marché camerounais de camions chinois (Sinotruk, Howo) et d'une nouvelle génération de SUV accessibles tels que les Jetour.

Dans le secteur des deux-roues, le quasi-monopole est depuis plus de dix ans détenu par les marques chinoises – Sanili, Senke ou encore Nanfang – dont les motos bon marché inondent les rues de Douala, Yaoundé et des principales villes. Ces acteurs ont construit des réseaux d'importation et de maintenance profondément ancrés dans le tissu économique local, constituant une barrière concurrentielle non négligeable.

Perton Biyiha

La Rédaction

Publié le 18/08/25 16:52

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