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Moussa Sanogo, Ministre du Patrimoine, du Portefeuille de l'Etat et des Entreprises Publiques :
Notre vision actuelle est de faire du portefeuille de l'Etat un accélérateur de développement
Dans cet entretien, Moussa Sanogo, Ministre du Patrimoine, du Portefeuille de l'État et des Entreprises Publiques, expose sa vision ambitieuse pour les entreprises publiques ivoiriennes. Il revient sur les avancées réalisées en matière de performances financières, les réformes majeures entreprises pour renforcer la gouvernance, ainsi que les stratégies déployées pour optimiser le portefeuille de l'État. À l'appui de chiffres impressionnants, il démontre comment ces entreprises contribuent au développement économique et social de la Côte d'Ivoire.
Ingénieur statisticien-économiste diplômé de l'École Nationale de Statistique et d'Économie Appliquée (ENSEA) d'Abidjan, Moussa Sanogo est un ancien haut cadre de la BCEAO où il a notamment occupé le poste de Chef de la Section Analyse Macroéconomique et Programmation Monétaire. Nommé Conseiller du Premier ministre en charge des questions macroéconomiques, il intègre le gouvernement en juillet 2017 où il a eu à diriger le département du Budget.
Comment se porte le portefeuille des entreprises publiques ? Comment ont-elles évolué en termes de performance sur ces 5 dernières années ?
Le portefeuille de l'Etat se porte bien et enregistre une croissance continue de ses performances financières, tant au niveau du chiffre d'affaires qu'au niveau du résultat net. Le chiffre d'affaires des sociétés d'Etat, des sociétés à participation financière publique majoritaire et des sociétés contrôlées par l'Etat s'est amélioré de 98 % par rapport aux réalisations de 2018, pour se situer à 4 425 milliards FCFA en 2023. Par ailleurs, les réformes engagées et les actions mises en œuvre pour améliorer la gouvernance des entreprises publiques et optimiser leurs performances ont permis de faire passer le résultat net de 34 milliards FCFA en 2018 à 257 milliards FCFA en 2023, soit une multiplication du bénéfice dégagé par 7,7.
Le chiffre d'affaires des entreprises du portefeuille de l'Etat ont presque doublé en 5 ans, entre 2018 et 2023, pour se situer à 4 425 milliards FCFA
Quelle en a été la contribution aux finances publiques et à l'économie plus globalement ? Ces entreprises ont-elles profité de la dynamique enregistrée par l'économie ivoirienne ?
Le portefeuille de l'Etat concourt activement au financement du budget de l'Etat, à travers plusieurs instruments. En 2023, ce sont 672,3 milliards FCFA que le Trésor Public a encaissé du fait du Portefeuille de l'Etat. Ces ressources sont en hausse de 22 % par rapport aux données de l'exercice précédent. Depuis 2018, les avancées majeures suivantes peuvent être notées :
En 2023, ce sont 672,3 milliards FCFA que le Trésor Public a encaissé du fait du Portefeuille de l'Etat. Ces ressources sont en hausse de 22 % par rapport aux données de l'exercice précédent.
En sus de ces contributions aux finances publiques, le portefeuille de l'Etat a un impact important sur le bien-être des populations, notamment en matière d'accès à l'électricité et à l'eau potable, de développement des infrastructures routières et de fourniture de services indispensables dans les secteurs clés de l'activité économique.
Dès 2012, l'Etat avait affiché son projet de privatiser un certain nombre de sociétés publiques. Quel bilan pouvez-vous en faire et quel est, à ce jour, le portefeuille des actifs qui reste encore à privatiser ?
Le gouvernement avait arrêté, en 2013, une liste de 15 sociétés à privatiser dans différents secteurs d'activités. A ce jour, le processus de privatisation est achevé pour 9 sociétés tandis qu'une autre a fait l'objet de liquidation. En raison de certaines difficultés survenues dans le processus de leur cession, cinq de ces sociétés demeurent à ce jour en cours de privatisation ou de liquidation.
L'Etat ivoirien à travers les caisses de sécurité sociale, la CNPS et la CGRAE, de la Caisse de dépôts et de consignation de Côte d'Ivoire (CDC-CI) et de la BNI a repris en main la BICICI, un acteur majeur du marché bancaire. A quoi répondait, du côté de l'Etat, une telle acquisition ? Y a-t-il une volonté désormais affirmée de l'Etat d'être plus présent dans le secteur financier ?
Ce sont 4 structures qui se sont portées acquéreuses de la BICICI, à savoir la CNPS et la CGRAE, la Caisse de dépôts et de consignation de Côte d'Ivoire (CDC-CI) et la Banque nationale d'investissement (BNI). Avec cette prise de participation, le consortium détient aujourd'hui 67,49 % du capital de la BICICI, décomposé comme suit : BNI : 21,09 % ; CNPS : 21,09 % ; CDC- CI : 12,65 % ; IPS-CGRAE :12,65 %.
Cette prise de participation vise non seulement à maintenir la BICICI au service du développement économique du pays, mais également à accroître les capacités financières des membres du consortium, afin de leur permettre d'accompagner au mieux le développement et la croissance des agents économiques opérant sur le plan national.
L'amélioration de la gouvernance de ces sociétés fait partie des missions qui ont été assignées à votre département. Quelles sont les grandes réformes que vous avez engagées dans ce sens?
Dans le souci d'améliorer la gouvernance des entreprises publiques, plusieurs réformes ont été engagées.
Il peut être cité notamment la mise en œuvre, depuis 2019, d'un vaste programme de formation des dirigeants sociaux à travers l'organisation de programmes de certification des Administrateurs ainsi que des directeurs généraux et directeurs généraux adjoints. La certification des administrateurs a été rendue obligatoire pour tout administrateur représentant l'Etat dans les conseils d'administration des entreprises publiques.
La certification des administrateurs a été rendue obligatoire pour tout administrateur représentant l'Etat dans les conseils d'administration des entreprises publiques.
Ensuite, il a été institué un processus d'évaluation des dirigeants sociaux des entreprises publiques à travers l'autoévaluation des conseils d'administration, leur évaluation par des cabinets indépendants et la signature des ''Lettres de mission du directeur général'', favorisant leur évaluation.
Le pilotage de la performance a également été optimisé à travers la mise en place d'un reporting trimestriel permettant le suivi d'indicateurs différenciés.
Le dispositif de contrôle s'est renforcé avec la mise en place de principes de modulation et de planification des missions d'audits des entreprises publiques.
En plus de ces réformes, nous avons instauré des mesures incitatives telles que l'organisation annuelle du Prix d'excellence de la gouvernance et de la performance des entreprises publiques qui en est à sa 6e édition.
La gouvernance renforcée pourrait-elle inciter l'Etat à s'intéresser à nouveau au secteur productif, en termes de prise de participation voire de création de nouvelles entreprises publiques, surtout des secteurs jugés stratégiques ? Y-a-t-il des réflexions à ce sujet ?
Bien sûr, des réflexions ont déjà été menées sur le sujet. Elles prennent appui sur l'idée que l'Etat ne soit pas un concurrent ou un frein à l'initiative privée dans des secteurs. Afin que les choses se fassent de la meilleure façon, nous avons défini depuis 2019 les conditions de prises de participation ou de création d'entreprises publiques par l'Etat. Ainsi, l'Etat devrait prendre des participations ou créer une entreprise publique si celle-ci permet de faciliter l'exécution de la politique publique, de remplir les missions d'intérêt public (à moins que le secteur privé ne soit en mesure de fournir le service à un coût inférieur et/ou avec une qualité supérieure), d' investir dans des activités catalysantes ou aider au développement d'un secteur stratégique ou encore d' intervenir ponctuellement pour la restructuration d'entités, afin d'atténuer certains risques sociaux ou économiques importants.
En mai dernier, l'Etat en partenariat avec la SODEMI, annonçait une prise de participation majoritaire de 61 % dans ce qui deviendra la première mine de coltan du pays. Cela témoigne-t-il des nouvelles ambitions stratégiques de l'État ?
Sur la question de la prise de participation majoritaire de la SODEMI dans la société d'exploitation du Coltan, il faut dire que cette opération résulte d'un accord d'actionnaires entre la SODEMI et une société chinoise qui a participé au financement des travaux de recherche du gisement de Coltan.
Pour rappel, ce gisement, situé dans la région d'Issia, a fait l'objet d'un permis de recherche attribué à la SODEMI par décret, le 15 septembre 2014. La recherche a été cofinancée par les deux (2) sociétés, à savoir la SODEMI et cette société chinoise.
Les ambitions de l'Etat, à travers les actions menées par la SODEMI, se traduisent par le développement de plusieurs projets de production de métaux de haute technologie
Les ambitions de l'Etat, à travers les actions menées par la SODEMI, se traduisent par le développement de plusieurs projets de production de métaux de haute technologie dans les zones de SAKASSOU-BEOUMI-BOTRO concernant le Coltan, le Lithium et les Terres Rares ainsi que BOUNDIALI-MADINANI-SEGUELON pour le Molybdène et les terres rares.
Je mentionnerai également les régions de GUIGLO-TAI pour le Lithium, l'Etain et le Wolfram ainsi que la zone de SAMAPLEU (Tonkpi) pour le nickel et le cuivre.
La suite de cette interview est à retrouver dans le numéro hors-série de votre magazine téléchargeable par un simple clic sur l'image ci-dessous.
Jean Mermoz Konandi
Publié le 13/05/25 12:36
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