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En mars 2025, le coût moyen du crédit bancaire dans l'UEMOA a poursuivi une légère tendance baissière, traduisant un climat de stabilité monétaire mais avec des nuances selon les pays et les types de clientèle. Tour d'horizon d'un marché où chaque point de base compte.
Le taux débiteur moyen appliqué par les banques commerciales dans l'Union s'est établi à 6,78% en mars 2025, contre 6,79% en février et 7,01% un an auparavant, selon les chiffres officiels. Cette évolution modeste reflète un assouplissement progressif du coût de l'argent pour les emprunteurs, dans un contexte de vigilance macroéconomique.
Des disparités d'un pays à l'autre
Sous cette moyenne régionale, on observe des évolutions contrastées selon les États membres. Le Niger (8,81% contre 8,85% en rythme mensuel), le Bénin (7,67% contre 7,70%), le Sénégal (5,90% contre 5,92%) et la Côte d'Ivoire (6,32% contre 6,33%) enregistrent une légère baisse du coût moyen du crédit. À l'inverse, une remontée, bien que marginale, est observée au Mali (7,38% contre 7,30%), au Togo (7,56% contre 7,50%), en Guinée-Bissau (9,45% contre 9,39%) et au Burkina Faso (7,56% contre 7,54%).
Ces écarts reflètent des facteurs structurels tels que la perception du risque par les établissements bancaires, la profondeur des marchés financiers, la robustesse des emprunteurs et la capacité d'épargne locale.
Une baisse généralisée pour les emprunteurs publics et privés
Par catégorie d'emprunteurs, les taux d'intérêt ont également connu un léger recul. Les crédits accordés aux ménages ont reculé à 7,78%, contre 7,80% en février. Ceux destinés aux entreprises non financières sont passés de 6,82% à 6,80%, tandis que les administrations publiques ont bénéficié d'un taux réduit à 7,48%, contre 7,51% le mois précédent.
Par finalité économique, les crédits à la consommation (7,10% contre 7,12%), à la trésorerie (6,81% contre 6,82%) et à l'immobilier (7,24% contre 7,29%) ont vu leur coût se replier légèrement. En revanche, les crédits d'équipement (7,92% contre 7,89%) et les concours à l'exportation (8,13% contre 8,11%) se sont renchéris, traduisant un regain de tension ou un repositionnement stratégique des banques sur ces segments à plus long terme.
Des volumes stables, une domination du secteur privé
Au total, 1 842,1 milliards FCFA de crédits ont été mis en place dans l'UEMOA en mars 2025, un volume quasiment stable par rapport aux 1 841 milliards FCFA de février. Le secteur privé continue de capter l'essentiel des ressources, avec 1 665,6 milliards FCFA de crédits octroyés, contre 176,5 milliards FCFA pour le secteur public.
Ce déséquilibre confirme la priorité donnée au financement de l'activité économique productive, notamment des PME et des ménages.
Cette dynamique s'inscrit dans un environnement monétaire stable, marqué par le maintien, depuis le 16 décembre 2023, des taux directeurs de la BCEAO. Le taux minimum de soumission aux adjudications est resté fixé à 3,5%, tandis que le taux du guichet de prêt marginal demeure à 5,5%. Ces repères techniques, qui encadrent le coût de refinancement des banques commerciales, contribuent à ancrer les anticipations et à soutenir une reprise économique encore fragile.
Dr Ange Ponou
Publié le 01/07/25 11:08
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