La Banque africaine de développement (BAD) vient d'accorder un prêt de 165,5 millions de dollars, soit 94 milliards FCFA, au Niger pour financer le Projet de renforcement de l'alimentation en eau potable et d'amélioration de l'assainissement et de la résilience dans les régions de Zinder, Mirriah et leurs villages environnants.
Approuvé par le conseil d'administration du Fonds africain de développement (FAD), le guichet concessionnel du groupe de la Banque, ce financement constitue une bouffée d'oxygène pour un pays où près de la moitié de la population n'a pas accès à l'eau potable, et où les infrastructures d'assainissement restent largement déficientes. ‘'Ce projet garantira un accès équitable à l'eau potable et à l'assainissement pour plus d'un million d'habitants, tout en renforçant la résilience face à la pauvreté, au changement climatique et aux risques sanitaires'', a souligné Firmin Bri, responsable par intérim du bureau pays de la BAD au Niger, d'après le communiqué de la banque panafricaine.
Le programme, qui s'étendra sur cinq ans, cible plus de 600 000 habitants des zones urbaines et rurales autour de Zinder et Mirriah. Il répond à une situation alarmante : le taux d'accès à l'eau potable plafonne à 53,4%, tandis que la couverture en assainissement de base ne dépasse pas 6,1%. Pire encore, plus de 76% de la population pratique encore la défécation à l'air libre, selon les données officielles.
A cela s'ajoutent une croissance démographique rapide (3,8% par an), la pauvreté persistante, l'insécurité régionale et les sanctions économiques qui ont accentué la fragilité des ménages. Dans ce contexte, le projet de la BAD représente un levier essentiel pour améliorer les conditions de vie et stimuler la résilience communautaire.
Le projet prévoit une refonte complète des infrastructures hydrauliques et d'assainissement. Concrètement, il financera : de nouveaux forages et châteaux d'eau ; 150 kilomètres de réseaux de distribution ; 12 000 branchements sociaux et 50 bornes-fontaines ; 5 000 latrines familiales, 200 latrines institutionnelles et 100 édicules publics ; une station de traitement des boues de vidange pour renforcer l'assainissement autonome. Ces réalisations permettront de sécuriser l'approvisionnement en eau et de réduire les risques sanitaires, notamment les maladies hydriques qui frappent les populations rurales et urbaines.
Au-delà des infrastructures, le projet a une forte dimension sociale et inclusive. Plus de 500 000 personnes, dont 51% de femmes, seront sensibilisées aux enjeux de l'eau, de l'hygiène, de la santé et du climat. Le programme prévoit également la formation et l'autonomisation économique des femmes : 50 femmes deviendront gestionnaires de bornes-fontaines, 100 gestionnaires d'édicules publics seront formés (dont 60% de femmes), 300 équipements post-récolte seront distribués pour alléger les tâches domestiques et accroître les revenus. Par ailleurs, 150 apprentis (dont la moitié de femmes) et 20 techniciens seront formés aux métiers de l'eau et de l'assainissement (électriciens, plombiers, agents d'entretien), renforçant ainsi les compétences locales.
Le projet s'inscrit dans la continuité des programmes gouvernementaux nigériens et des stratégies nationales de développement durable, en cohérence avec les Objectifs de développement durable des Nations unies (ODD 6, 4, 5, 7 et 8), l'Agenda 2063 de l'Union africaine, et la Contribution déterminée au niveau national (CDN) du Niger en matière d'action climatique.
Narcisse Angan
Publié le 08/11/25 10:22