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Le gouvernement nigérien a annoncé, lors du Conseil des ministres tenu ce mercredi 19 juin, sa décision de nationaliser la Société Nigérienne d'Électricité (NIGELEC), acteur stratégique chargé de la production, du transport et de la distribution de l'électricité sur l'ensemble du territoire. Cette opération, qui marque un tournant décisif dans la gouvernance du secteur énergétique, vise à renforcer la maîtrise de l'État sur un service public vital, dans un contexte de fragilité financière persistante.
Avec un capital social de plus de 76 milliards FCFA, la NIGELEC était jusqu'ici une société d'économie mixte, détenue à plus de 99 % par l'État nigérien, aux côtés d'actionnaires minoritaires parmi lesquels figurent la Société Nigérienne de Banque, l'Agence Française de Développement, la BIA-NIGER, plusieurs villes du pays et une partie du personnel de l'entreprise. Mais la configuration capitalistique, qui s'inscrivait historiquement dans une logique de libéralisation partielle du secteur, n'a pas suffi à enrayer les dérives ni à restaurer la performance opérationnelle de la société.
Les difficultés financières chroniques de la NIGELEC, malgré des investissements massifs de l'État ces dernières années, ont miné sa crédibilité auprès de ses créanciers, de potentiels investisseurs et même de ses clients. Le déficit budgétaire structurel dont souffre l'entreprise a été aggravé par une politique de gestion interne jugée peu rigoureuse. Des avantages jugés excessifs accordés au personnel notamment un abattement de 90 % sur leur facture d'électricité, un treizième mois, des primes d'intéressement et divers cadeaux ont accentué les déséquilibres, en dépit de la situation économique préoccupante.
Cette décision de nationalisation consacre ainsi le transfert total du capital et du patrimoine de la NIGELEC à l'État nigérien. Les actionnaires minoritaires seront indemnisés conformément à la législation en vigueur. Par ailleurs, le Conseil d'administration de la société est dissout, ouvrant la voie à une restructuration complète du mode de gouvernance. L'objectif affiché est clair est de redonner à l'État les leviers nécessaires pour réorienter la politique énergétique du pays et assurer un pilotage plus direct, plus cohérent et plus efficace de ce secteur hautement sensible.
La NIGELEC, qui avait déjà fait l'objet de plusieurs réformes et même de tentatives de privatisation dans les années 1990 sans résultat concluant, entre donc dans une nouvelle phase. Le pari du gouvernement est de sortir l'entreprise d'un long cycle d'inefficience et de vulnérabilité, et de poser les bases d'un redressement durable au service des besoins énergétiques du Niger.
Fanuelle YAO
La Rédaction
Publié le 20/06/25 10:19
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