Le secteur nigérian des retraites, qui gère près de 26 400 milliards de nairas (17 milliards USD), se trouve aujourd'hui à une étape cruciale de son développement. Confrontés à une inflation de près de 22% et à une dépréciation de plus de 70% du naira face au dollar depuis 2023, les gestionnaires de fonds de pension plaident pour une révision des règles d'investissement afin de protéger les rendements de millions de cotisants.
Traditionnellement tournés vers les obligations et les actions, les fonds de pension nigérians voient leurs marges érodées par la persistance d'une inflation à deux chiffres et l'effondrement de la monnaie locale. Dans ce contexte, les gestionnaires demandent au régulateur plus de flexibilité pour diversifier leurs portefeuilles et se tourner vers des actifs mieux protégés contre l'inflation.
Infrastructures, immobilier et entreprises non cotées, comme pistes
Selon Dave Uduanu, directeur général d'Access ARM Pensions, les gestionnaires souhaitent accroître leurs investissements dans des secteurs stratégiques tels que les routes à péage, l'immobilier, les entreprises exportatrices et les sociétés non cotées à forte croissance. Certains acteurs comme Stanbic IBTC Pension Managers et Access Holdings ont déjà multiplié leurs placements dans le capital-investissement, les infrastructures et les fiducies de placement immobilier (REITs).
Les chiffres témoignent d'un basculement rapide : au premier semestre 2025, les allocations des fonds de pension au capital-investissement ont plus que doublé pour atteindre 229,4 milliards de nairas, celles aux infrastructures ont bondi de 50% à 242,8 milliards de nairas, quand celles aux REITs ont été multipliées par cinq à 77,8 milliards de nairas.
Un mouvement qui s'inscrit dans une tendance mondiale
Cette réorientation n'est pas propre à Abuja. À l'échelle mondiale, le marché du crédit privé a atteint 1 500 milliards de dollars et devrait encore doubler dans les prochaines années, selon S&P Global. L'Afrique, et en particulier le Nigéria, espère tirer parti de ce flux de capitaux pour financer des projets énergétiques, technologiques et de transport.
Au-delà des investissements alternatifs, les gestionnaires appellent également les autorités à émettre des obligations indexées sur l'inflation. De tels instruments offriraient une couverture essentielle contre les rendements réels négatifs et renforceraient la stabilité des portefeuilles obligataires, qui restent au cœur des bilans des fonds de pension.
La Commission nationale des retraites (NPC) examine actuellement la révision des directives d'investissement. Sa décision, attendue d'ici la fin du trimestre, pourrait redéfinir en profondeur la stratégie d'allocation des 17 milliards USD gérés par les fonds de pension nigérians.
La Rédaction
Publié le 21/08/25 19:06