Nigeria : La Banque centrale engage une première détente monétaire après 5 ans de rigueur

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Comme une valve qui s'ouvre après une longue pression, la Banque centrale du Nigeria (CBN) a décidé, ce 23 septembre, d'abaisser son taux directeur de 27,50 à 27%. Cette réduction de 50 points de base, la première depuis 2020, marque un tournant dans la politique monétaire du pays, après des années de resserrement pour contenir une inflation galopante et stabiliser le naira.

Depuis 2020, Abuja vivait sous le joug d'une politique monétaire restrictive, véritable carcan destiné à freiner une inflation qui dépassait régulièrement les 20%. Le taux directeur avait culminé à 27,50% en février 2025, un niveau parmi les plus élevés du continent africain. Cette orientation dite ‘'hawkish'' avait pour objectif de soutenir la monnaie nationale et éviter une spirale de dépréciation.

Pour les ménages et les entreprises, cette politique s'était traduite par un accès au crédit extrêmement coûteux, limitant les investissements productifs et pesant sur la consommation. L'économie nigériane, bien qu'en croissance, devait composer avec ce climat de financement contraint.

Une inflexion graduelle

La décision prise ce jour par le Comité de politique monétaire repose sur des signaux macroéconomiques plus favorables. L'inflation, bien qu'encore élevée, a commencé à ralentir, offrant une marge de manœuvre pour un assouplissement prudent.

L'évolution des taux traduit cette transition. En septembre 2024, la CBN avait relevé le taux directeur de 26,75 à 27,25%. Entre février et juillet 2025, il est resté figé à 27,50%. La baisse de septembre ramène donc le taux directeur à 27%, une inflexion certes modeste mais symbolique, car elle rompt un cycle de hausses et de maintiens prolongés.

Le PIB nominal a progressé de plus de 19% au deuxième trimestre 2025 en valeur, atteignant 100,73 milliards de nairas. Cette dynamique a donné des marges de confiance supplémentaires aux autorités monétaires, même si les déséquilibres structurels demeurent.

Pour Olayemi Cardoso, gouverneur de la CBN, la stratégie est ‘'guidée par les données et la prudence''. La Banque centrale maintient en effet les autres garde-fous : un corridor asymétrique de +500/-100 points de base autour du taux directeur, un ratio de réserves obligatoires fixé à 50% pour les banques de dépôt et un ratio de liquidité de 30%. Autant de verrous destinés à éviter un relâchement excessif de la discipline financière.

Les analystes y voient un pari mesuré. D'un côté, la détente devrait alléger quelque peu la charge des emprunteurs et soutenir l'investissement. De l'autre, elle reste insuffisante pour relancer massivement le crédit. Le risque principal reste la faiblesse chronique du naira : un assouplissement trop rapide pourrait attiser les pressions de change et compromettre la stabilité financière.

La Rédaction

Publié le 23/09/25 19:32

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