Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique, enregistre une progression notable de ses échanges commerciaux avec le reste du continent, signe tangible d'un approfondissement de son intégration économique régionale. Selon les données publiées par les autorités douanières, citées par Bloomberg, les flux commerciaux avec les pays africains ont augmenté de 14% au premier semestre 2025 à 415 millions de dollars, soit 234,26 milliards FCFA par rapport à la même période l'an dernier, pour atteindre 3,35 milliards de dollars (1 891 milliards FCFA).
L'un des moteurs de cette croissance réside dans la forte progression des exportations nigérianes vers les pays membres de la CEDEAO. Le Nigeria, première puissance économique de la région, consolide ainsi son positionnement stratégique au cœur des échanges ouest-africains. Pour atteindre ces résultats, Abuja a engagé ces derniers mois une série de réformes destinées à fluidifier le mouvement des marchandises et à réduire les pesanteurs administratives. Les autorités ont notamment travaillé à la simplification des procédures douanières, à l'amélioration des corridors de transport vers les pays voisins, ainsi qu'à la réduction des goulets d'étranglement aux frontières terrestres. Ces efforts visent à corriger des obstacles qui freinaient depuis longtemps le commerce intra-africain, malgré le potentiel économique évident du marché continental.
Dans le cadre de la mise en œuvre opérationnelle de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), le gouvernement nigérian a posé des actes stratégiques qui commencent déjà à générer des impacts économiques mesurables. La ministre en charge de l'Industrie, du Commerce et de l'Investissement, Jumoke Oduwole, a annoncé deux avancées majeures, à savoir l'introduction de concessions tarifaires ciblées, afin de faciliter les exportations et d'encourager les industries locales à se positionner sur les marchés régionaux ; et l'ouverture d'un corridor de fret aérien dédié à l'Afrique de l'Est, une innovation logistique qui a permis de réduire les coûts d'exportation de près de 75%. Cette réduction spectaculaire des coûts logistiques ouvre de nouvelles perspectives pour les exportateurs nigérians, notamment dans les secteurs des produits périssables, de la technologie, de la pharmacie ou encore des biens manufacturés.
La performance du Nigeria intervient dans un contexte continental marqué par une volonté partagée d'accroître les échanges économiques entre pays africains, encore largement inférieurs à leur potentiel. Avec la ZLECAf, l'Afrique veut faire passer la part du commerce intra-continental d'environ 16% actuellement, à plus de 50% dans la prochaine décennie. Le Nigeria, grâce à sa taille économique, sa position géographique stratégique et la reprise de ses réformes logistiques, est en train de consolider son rôle de catalyseur de cette transformation.
Soulignons que l'agence de notation américaine Standard et Poor's (S&P) Global Ratings a relevé le 14 novembre dernier, les perspectives du Nigeria de ‘'stables'' à ‘'positives'', confirmant l'impact positif des réformes engagées depuis l'avènement de l'administration du président Bola Tinubu.
Narcisse Angan
Publié le 18/11/25 09:27