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La Banque centrale du Nigéria (CBN) a annoncé la création de trois nouveaux outils financiers destinés à renforcer la finance islamique, c'est-à-dire une finance qui n'autorise pas l'intérêt sur les prêts ou les dépôts, et à améliorer la gestion de la liquidité des institutions financières conformes à ces principes.
Cette décision, datée du 23 mai, vise à rendre le système bancaire du pays plus inclusif et à mieux intégrer les banques dites "islamiques" dans le fonctionnement général de l'économie. Les trois instruments introduits sont l'accord-cadre de rachat destiné aux institutions financières sans intérêt (NNMRA), les titres adossés à des actifs réels et sans intérêt (CNI-ABS), ainsi que le billet sans intérêt de la Banque centrale (CNIN). Ces outils ont été conçus pour permettre aux banques islamiques de gérer efficacement leur trésorerie sans contrevenir à l'interdiction du prêt avec intérêt.
Le premier instrument, appelé NNMRA, est un contrat entre deux parties, généralement deux banques, qui permet à l'une de vendre temporairement un bien à l'autre, avec la promesse de le racheter plus tard. Ce type de contrat, qu'on appelle aussi "opération de pension", existe déjà dans la finance classique, mais ici il est adapté aux règles de l'islam, qui interdisent le prêt d'argent avec intérêt. En créant ce contrat spécifique, la banque centrale veut offrir aux banques islamiques un moyen sûr et reconnu pour gérer leur besoin d'argent à court terme, tout en respectant leurs principes religieux.
Les deux autres instruments fonctionneront sous forme d'enchères, c'est-à-dire que la Banque centrale les proposera régulièrement aux banques qui souhaitent y participer. Le premier, appelé CNI-ABS, est une sorte de placement sécurisé basé sur des biens réels, comme des immeubles ou du matériel. Contrairement aux placements traditionnels qui rapportent de l'argent grâce aux intérêts, celui-ci respecte les règles de la finance islamique car il est lié à des actifs concrets. Il permet ainsi aux banques de faire fructifier leur argent sans contrevenir aux interdits religieux. Le second, appelé CNIN, est un prêt à court terme que la Banque centrale accorde à certaines banques, mais sans faire payer d'intérêt. Cela permet à ces banques d'avoir accès à des fonds de manière ponctuelle et conforme à leurs convictions.
Ces outils sont une réponse à une difficulté que rencontrent souvent les banques islamiques : comment faire circuler l'argent, prêter, emprunter ou investir, sans utiliser d'intérêt ? Jusqu'ici, ces banques avaient peu d'options pour participer aux grandes opérations financières du pays.
Fanuelle YAO
La Rédaction
Publié le 27/05/25 16:32
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