L'Afrique affiche des progrès tangibles sur plusieurs Objectifs de développement durable (ODD), mais le rapport 2025 du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) souligne un retard considérable déjà accusé par le continent.
Ainsi, selon l'organisme onusien, l'Afrique n'atteindra pas ses cibles d'ici 2030, au rythme actuel, sauf sursaut politique et financier.
Le paradoxe africain
En 2025, l'Afrique compte 12 des 20 économies les plus dynamiques du monde, contre 10 un an plus tôt. Le continent devrait enregistrer un taux de croissance supérieur à la moyenne mondiale.
Pourtant, cette croissance reste souvent non créatrice d'emplois et insuffisamment inclusive. Plus de 23% des jeunes sont sans emploi ni formation, et 83% des travailleurs occupent un emploi informel. La productivité du travail, déjà faible, continue de stagner (3,5% attendus en 2025, contre 3,8% en moyenne mondiale).
Concernant la santé, l'espérance de vie a gagné 3 ans depuis 2015, la mortalité maternelle a reculé de 7,4%, et plus de 75% des accouchements sont désormais assistés par du personnel qualifié.
Mais l'ODD 3 sur la santé reste hors de portée : les dépenses publiques plafonnent à 7% des budgets nationaux, loin de l'objectif de 15%, et les inégalités d'accès persistent, notamment en zones rurales.
Egalité des sexes, une bataille loin d'être gagnée
Les femmes africaines gagnent en visibilité politique (26% des sièges parlementaires contre 19% en 2015), mais restent sous-représentées dans l'économie formelle.
En 2023, 68% d'entre elles occupaient un emploi vulnérable, contre 57% des hommes. Par ailleurs, 130 millions de femmes ont été mariées avant 18 ans, et près de 35% subissent encore les mutilations génitales féminines.
Océans et climat, une richesse menacée
Avec 2 millions de tonnes de déchets déversés sur ses plages en 2022, le continent paie un lourd tribut à la pollution.
L'indice de santé des océans africains plafonne à 52,8 (contre 70 dans le monde). Certes, l'Afrique a déjà dépassé la cible des 10% d'aires marines protégées, mais la surexploitation des ressources halieutiques et l'urbanisation rapide mettent en péril la durabilité des écosystèmes.
Un déficit de financement annuel de 670 à 762 milliards USD d'ici 2030
La réalité est implacable : pour réaliser les ODD, l'Afrique doit combler un déficit annuel de 670 à 762 milliards de dollars d'ici 2030.
Or, les flux d'IDE ont chuté à 52,6 milliards en 2023, soit à peine 6% de ceux reçus par l'ensemble des pays en développement. Le service de la dette, quant à lui, est passé de 8% en 2015 à 9,6% en 2022, aggravant les contraintes budgétaires.
Les leviers d'une accélération
Le rapport recommande de s'appuyer sur quatre axes prioritaires pour accélérer la transformation du continent. Il suggère d'investir massivement dans les compétences techniques et numériques des jeunes afin de renforcer le capital humain.
Il insiste également sur la nécessité de tirer pleinement parti de la ZLECAf pour stimuler les échanges intra-africains. Le renforcement de la gouvernance et de la transparence est présenté comme un levier crucial pour attirer les financements. Enfin, le rapport appelle à moderniser les systèmes statistiques grâce à l'intelligence artificielle et aux outils numériques, afin d'améliorer la qualité de la décision publique.
Dr Ange Ponou
Publié le 20/08/25 11:52