Pays en développement : Le déficit d’investissement évalué à 5% du PIB mondial par an

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Alors que la planète cherche à relancer la croissance, les économies en développement affrontent un mur : celui du déficit d'investissement, évalué à près de 5% du PIB mondial par an, soit des milliers de milliards de dollars manquants pour financer les infrastructures, l'énergie ou l'éducation. Pour les pays à faible revenu, le trou est encore plus béant : 8% du PIB mondial chaque année, selon les données de la Banque mondiale. De quoi compromettre la création d'emplois et les ambitions de développement durable.

L'investissement, moteur en panne du développement

Depuis la crise financière mondiale de 2008, la dynamique d'investissement dans les économies émergentes et en développement (EMDE) s'est essoufflée. La croissance de l'investissement privé, autrefois à deux chiffres, a chuté à moins de 7% dans les années 2010. Les flux d'investissements directs étrangers (IDE), essentiels au transfert de technologie et de compétences, se sont concentrés sur une poignée de pays.

Ce ralentissement arrive au pire moment. Car pour bâtir des infrastructures de base, connecter 600 millions de personnes toujours sans électricité, ou garantir un accès universel à l'eau potable, il faut investir massivement et durablement. L'investissement représente plus de la moitié de la croissance potentielle des pays émergents depuis 2000. Sans lui, les perspectives de création d'emplois et de diversification économique s'amenuisent.

Le précédent des miracles passés

Une étude récente de la Banque mondiale démontre pourtant que des ‘'miracles de l'investissement'' ont déjà eu lieu. Au cours des sept dernières décennies, 115 accélérations de l'investissement ont été recensées dans 59 pays émergents et en développement. Durant ces épisodes, la croissance de l'investissement est passée de 3% à plus de 10% par an, doublant la progression du PIB par habitant et quadruplant la productivité.

Ces périodes fastes ont souvent coïncidé avec des réformes coordonnées : stabilisation macroéconomique, ouverture commerciale, intégration financière et amélioration des institutions. Résultat, des économies transformées, des exportations en plein essor et une réduction rapide de la pauvreté.

Mais depuis les années 2010, ces épisodes sont devenus plus rares : moins d'un quart des pays en développement en ont connu un, contre près de la moitié dans les années 2000. La faute à un environnement mondial moins favorable, marqué par le ralentissement du commerce, la volatilité des matières premières, les tensions géopolitiques, et à un essoufflement des réformes structurelles nationales.

Réformer pour relancer le cycle vertueux

Comment provoquer une nouvelle vague d'investissement ? Selon la Banque mondiale, les réformes structurelles intégrées sont la clé.

Lorsqu'un pays combine ouverture commerciale, intégration financière et réforme des marchés, la probabilité d'une accélération de l'investissement privé augmente de plus de 10 points de pourcentage.

De même, les pays dotés d'institutions solides, d'une bonne gouvernance et d'une marge budgétaire suffisante enregistrent des gains d'investissement public supérieurs de 50% à la moyenne. Quant aux IDE, leur effet de levier sur la croissance est trois fois plus fort dans les économies disposant d'un bon capital humain et d'une insertion commerciale affirmée.

L'équation est claire : sans stabilité macroéconomique, sans efficacité dans la dépense publique et sans ouverture, l'investissement reste à l'arrêt.

Une mobilisation mondiale nécessaire

Mais les pays émergents ne peuvent pas tout faire seuls. Leur taille économique limite leur capacité à financer leurs besoins colossaux. Le soutien international reste crucial : financements concessionnels, garanties publiques, et assistance technique doivent venir compléter les réformes nationales.

Surtout, le monde doit réaffirmer son engagement en faveur d'un système de commerce ouvert et prévisible. Dans un contexte où la fragmentation financière s'intensifie et où les chaînes de valeur se redessinent, les économies en développement ont besoin de visibilité pour attirer le capital productif.

Dr Ange Ponou

Publié le 15/10/25 20:48

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