Pour la première fois, le Nigéria a importé plus de pétrole des États-Unis qu’il ne lui en a expédié

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Une inversion inédite des flux pétroliers agite le marché mondial de l'or noir. Pour la première fois, les États-Unis sont devenus en février et mars 2024 exportateurs nets de pétrole brut vers le Nigéria, un pays traditionnellement fournisseur de brut pour l'économie américaine. Ce basculement momentané, relevé par l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA), illustre les profondes recompositions à l'œuvre dans les chaînes d'approvisionnement énergétique mondiales.

Deux dynamiques conjoncturelles ont contribué à ce renversement. La première concerne le ralentissement de la demande sur la côte Est américaine, causé par la maintenance de la raffinerie Phillips 66 à Bayway (New Jersey), qui a réduit les importations de brut nigérian.

Ensuite, l'entrée en activité de la méga-raffinerie de Dangote, la plus grande d'Afrique, qui a fait grimper la demande locale en intrants. Mise en service en janvier 2024 près de Lagos, elle ambitionne une capacité de 650 000 barils par jour d'ici la fin de l'année.

A titre d'illustration, les exportations américaines de brut vers le Nigéria sont passées de 111 000 barils par jour (b/j) en février à 169 000 b/j en mars, tandis que les importations américaines en provenance du Nigéria ont nettement reculé, chutant de 133 000 b/j en janvier à seulement 54 000 b/j en février, puis à 72 000 b/j en mars.

Ce déséquilibre temporaire a fait des États-Unis un exportateur net, renversant la relation historique entre les deux pays.

Un réalignement conjoncturel, pas structurel

Selon plusieurs experts, cette inversion reste fragile. ‘'La nouvelle raffinerie au Nigéria et certains problèmes d'approvisionnement intérieur ont contribué à ces flux exceptionnels en début d'année'', révèle un analyste.

Il souligne cependant que la pérennité de ce flux reste incertaine, alors que Dangote ajuste ses approvisionnements. Certains, y voient surtout ‘'un instantané d'un marché très fluide''.

Au-delà de l'effet ponctuel, cet épisode reflète la montée en puissance du Nigéria en tant qu'acteur de transformation du brut sur son propre sol. Si la raffinerie de Dangote parvient à stabiliser ses opérations, le pays pourrait à moyen terme réduire ses importations et reconfigurer durablement ses flux énergétiques.

Les États-Unis, eux, confirment leur statut de puissance énergétique flexible, capable d'adapter leur position à la volatilité mondiale, tant comme producteur que comme fournisseur stratégique.

La Rédaction

Publié le 23/07/25 13:35

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