Le gouvernement ivoirien prend les devants afin d'éviter une grave crise dans la filière de la noix de cajou dans le contexte actuel de crise lié à la pandémie du covid-19. L'Etat va en effet acheter 200 000 tonnes de noix aux paysans confrontés à la mévente de leur production du fait de la chute des cours de la spéculation sur le marché international.
L'annonce a été faite ce 10 avril au cours d'un point de presse du ministre en charge de l'Agriculture Kobenan Adjoumani.
Cette intervention s'avère bien cruciale. A l'ouverture de la campagne le 6 février dernier, le prix d'achat minimum avait été fixé à 400 FCFA/Kg sur la base d'un prix CAF de référence de 1 300$ la tonne sur le marché international. Une donne qui a évolué avec la paralysie de l'activité économique mondiale qui impacte les cours de la noix de cajou qui s'échange entre 900 et 1 100$, soit une baisse oscillant entre 18 et 45%, a expliqué le ministre.
Le risque est de voir les acheteurs agréés répercuter la baisse des cours sur le prix d'achat aux paysans, à défaut de suspendre leurs opérations :" c'est pour cela que des mesures urgentes doivent être prises pour enlever les noix de cajou des mains des producteurs ", a insisté Kobenan Adjoumani, qui a ajouté en outre que ce sont plus de 400 000 ménages en zone agricole qui vont bénéficier de la mesure.
Du côté des exportateurs de noix, un mécanisme de subvention est mis en place à l'effet de les aider à absorber la baisse des cours internationaux et les inciter ainsi à reprendre leurs achats.
Cette initiative entre dans le cadre de l'annonce du gouvernement ivoirien de consacrer près de 300 milliards FCFA au soutien des cultures d'exportations, toutes frappées aujourd'hui par le repli de l'activité économique mondiale. Il s'agit ici d'un des volets du vaste plan de riposte économique contre le covid-19 de 1 700 milliards FCFA (2,8 milliards $) présenté par le chef du gouvernement ivoirien ce 31 mars.
Revendiquant le statut de premier producteur mondial, Abidjan table cette année sur une récolte de 800 000 tonnes de noix brutes.
Jean Mermoz Konandi
Publié le 11/04/20 15:00