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L'annonce est tombée ce 31 mars 2025 : les cabinets PwC en Afrique francophone subsaharienne ne font plus partie du prestigieux réseau mondial PricewaterhouseCoopers (PwC). Après des années de tensions internes et de divergences avec le siège, les entités concernées – réparties sur dix pays, dont la Côte d'Ivoire, le Cameroun et le Sénégal – entament désormais un nouveau chapitre en tant qu'entités indépendantes. Une secousse dans l'univers du conseil et de l'audit, qui pose la question des raisons profondes de cette rupture et de son impact sur le marché africain.
Une séparation après un long processus de dégradation des relations
Cette décision résulte d'un ‘'examen stratégique approfondi'', selon le communiqué officiel de PwC, mené pour garantir une meilleure adéquation aux marchés locaux. Derrière cette communication mesurée, les coulisses de la séparation révèlent une réalité plus contrastée.
D'après des sources proches du dossier et des analyses publiées par Sika Finance en février dernier, cette rupture serait le résultat de manquements aux standards de conformité imposés par le siège mondial de PwC. La gouvernance, la transparence financière et la gestion des ressources humaines des bureaux africains francophones étaient régulièrement critiquées par la maison-mère, sans qu'aucune amélioration significative ne soit constatée.
Voir aussi - PwC Afrique Francophone en crise, PwC Global envisage de retirer sa licence
À ces frictions s'ajoutait un conflit interne entre associés, notamment autour de la gestion de Mme Nadine Tinen, qui dirigeait jusqu'ici les activités du réseau dans la région. Des décisions stratégiques jugées erronées et des tensions croissantes avec certains associés auraient fini par entamer la confiance du siège mondial, au point d'aboutir à une rupture définitive.
Un marché africain en quête de stabilité
Au-delà des aspects internes, cette séparation soulève des questions quant à l'avenir du marché du conseil et de l'audit en Afrique francophone. PwC, réputé pour son exigence et son réseau mondial, quitte donc un segment stratégique du continent, alors que la demande pour des services d'audit et de conseil est en forte croissance, notamment avec l'essor des grandes entreprises africaines et l'intensification des exigences réglementaires.
Si ces cabinets locaux continuent d'opérer sous une nouvelle identité, ils devront désormais faire face à un double défi : rassurer leurs clients quant à la continuité de la qualité des services et reconstruire une crédibilité indépendante, sans l'appui du label PwC. Cette mutation pourrait aussi profiter aux autres grands cabinets internationaux (Deloitte, EY, KPMG, Forvis Mazars), qui pourraient chercher à capter les parts de marché laissées vacantes.
Reste à savoir si d'autres acteurs suivront cette voie, ou si au contraire, cette sortie de PwC ouvrira la porte à une restructuration et à l'arrivée de nouveaux acteurs plus adaptés aux réalités locales. Une certitude demeure : l'industrie du conseil et de l'audit en Afrique francophone entre dans une nouvelle ère.
La Rédaction
Publié le 01/04/25 09:04
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