RDC : Alphamin contraint de se retirer de sa mine d’etain face à l’avancée des groupes armés

Face à l'insécurité croissante dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), Alphamin Resources a annoncé la suspension temporaire de l'exploitation de sa mine d'étain de Bisie, la troisième plus grande au monde. Cette décision, prise en raison de la progression de groupes rebelles vers le site minier, entraîne d'importantes répercussions sur le marché de l'étain.

Dans un communiqué publié jeudi 14 mars 2025, Alphamin Resources, société minière dont le siège est à Maurice, a annoncé la mise à l'arrêt immédiate de la production dans sa mine de Bisie, située dans la province du Nord-Kivu, dans la province de l'Est. La compagnie justifie cette décision par la menace que représente l'avancée de groupes armés dans la région.

" La sécurité des employés et sous-traitants de l'entreprise est sa principale priorité et elle ne peut être garantie à l'heure actuelle ", précise Alphamin. En conséquence, tout le personnel d'exploitation est en cours d'évacuation, à l'exception d'une équipe restreinte chargée de l'entretien et de la sécurité du site. La société affirme suivre de près l'évolution de la situation afin d'envisager une reprise des opérations dès que la sécurité sera rétablie.

La mine de Bisie est un acteur majeur du marché mondial de l'étain, représentant environ 6 % de l'offre mondiale en 2024, avec une production de 17 300 tonnes de concentré de ce minerai, selon l'International Tin Association (ITA). L'annonce de cette suspension a immédiatement provoqué une flambée des cours sur le London Metal Exchange (LME), où le prix de l'étain a bondi de près de 10 %, atteignant 36 315 dollars la tonne, son plus haut niveau depuis août 2022.

Avant cette suspension, Alphamin affichait des performances solides. En janvier 2025, l'entreprise a annoncé une production de 17 324 tonnes d'étain sur l'année précédente, une augmentation de 38 % par rapport à 2023. Cette croissance était en grande partie attribuable à la mise en service d'une nouvelle usine de traitement en mai 2024, qui devait permettre à la compagnie d'atteindre un objectif ambitieux de 20 000 tonnes en 2025.

Sur le plan financier, Alphamin a vu son chiffre d'affaires bondir, avec un prix moyen de vente de 30 345 dollars par tonne en 2024, contre 26 009 dollars en 2023. Son bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement (EBITDA) a plus que doublé, atteignant 274,1 millions de dollars en 2024, contre 135,5 millions l'année précédente.

Cependant, cette dynamique pourrait être fortement ralentie si la suspension des opérations venait à se prolonger. La société n'a pas encore communiqué de date pour une éventuelle reprise, mais elle mise sur les négociations de paix prévues ce 18 mars en Angola, qui pourraient déboucher sur un apaisement des tensions et un retour à la normale dans les provinces minières de l'est congolais.

La fermeture de la mine de Bisie intervient dans un contexte de regain de violence dans l'Est de la RDC. Depuis plusieurs mois, le Mouvement du 23-Mars (M23), un groupe rebelle soutenu, selon des experts de l'ONU, par l'armée rwandaise, multiplie les offensives contre le gouvernement de Kinshasa.

En début d'année, le M23 s'est emparé de vastes territoires dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, allant jusqu'à prendre le contrôle de la mine de Rubaya en avril 2024, la plus grande réserve de coltan du pays, minerai stratégique dans la fabrication des composants électroniques. Ces conquêtes menacent directement le secteur minier congolais, essentiel à l'économie nationale.

Perton Biyiha

La Rédaction

Publié le 18/03/25 16:14