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Le suspense se prolonge entre le Sénégal et le Fonds monétaire international (FMI). Alors que les autorités sénégalaises espéraient obtenir une dérogation d'ici la fin avril pour corriger des erreurs statistiques passées, le FMI a annoncé qu'aucune décision ne serait prise avant le mois de mai, reportant d'autant le lancement attendu d'un nouveau programme de financement.
Cette information, révélée ce 17 avril par Reuters qui cite Edward Gemayel, chef de mission du FMI pour le Sénégal, lors d'une conférence téléphonique avec des investisseurs internationaux, marque un nouvel épisode dans le rétablissement des relations entre Dakar et son principal bailleur multilatéral.
D'après plusieurs participants à cet échange, les discussions autour d'un nouveau programme ne pourraient débuter qu'en juin ou juillet, ruinant ainsi les espoirs du nouveau régime qui comptait obtenir un accord d'ici là.
Des données erronées qui plombent la crédibilité budgétaire
À l'origine de cette situation délicate, la révélation par le nouveau gouvernement sénégalais que l'exécutif précédent avait transmis des données économiques inexactes au FMI, notamment sur le niveau réel d'endettement du pays. Selon un rapport de la Cour des comptes publié en février, la dette publique représentait en réalité 99,67% du PIB fin 2023, contre un chiffre précédemment annoncé de 74,41%.
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Un audit indépendant du FMI a depuis confirmé les montants liés à la dette intérieure, mais laisse apparaître une dette extérieure potentiellement plus importante que celle déclarée. Ce manquement a conduit le FMI à geler temporairement le programme d'appui de 1,8 milliard de dollars, entraînant un climat d'incertitude sur les financements à venir.
Un report aux lourdes conséquences pour les finances publiques
Ce report a des conséquences concrètes. Le Sénégal ne pourra probablement pas lancer un nouveau programme avant le second semestre 2025, retardant l'accès à des financements indispensables pour stabiliser son économie. D'ici là, les autorités doivent faire face à un service de la dette estimée à 3 850 milliards FCFA cette année (environ 6,7 milliards de dollars).
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Pour tenir ces engagements, le gouvernement a multiplié les levées de fonds, notamment par l'intermédiaire d'émissions obligataires régionales — la dernière en date a permis de récolter 405 milliards FCFA. Dans l'urgence, il a également engagé des discussions avec les banques locales pour restructurer une partie de la dette intérieure, tout en explorant des coupes budgétaires sélectives.
Des réformes sous haute pression
L'octroi de la dérogation par le FMI n'est pas automatique. Elle dépend de la finalisation des données de dette et d'un accord sur les mesures correctives à mettre en œuvre. Parmi les principales conditions attendues figurent la réduction progressive des subventions à l'énergie, que le gouvernement a promis de plafonner à 2% du PIB ; la diminution des exonérations fiscales, sujet politiquement sensible dans un contexte social tendu ; et une rationalisation des dépenses publiques, qui pourrait inclure des arbitrages impopulaires.
Edward Gemayel a rappelé que la suppression graduelle des subventions aux carburants constituait un axe clé des futures réformes économiques, tout comme une revue plus stricte de la fiscalité.
La Rédaction
Publié le 18/04/25 10:33
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