Sénégal : Tension sur le prix et la disponibilité du riz

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Au Sénégal, le riz est l'une des denrées les plus prisées. Cependant, l'incertitude de son marché donne le tournis aux consommateurs et aux commerçants. Ces dernières années plusieurs cas de hausse du prix sur le marché sont constatées. Le dernier en date est l'augmentation de 2 000 FCFA à 3 000 FCFA sur le sac de 25 kg et de 50 kg.

Boutiquier, Ousseynou Baldé dispose d'une palette de produits dont le riz reste d'ailleurs le produit qu'il vend le plus. Donc toute hausse se répercute forcément sur son activité commerciale. " Le produit connaît une instabilité. En ce moment, c'est difficile de s'approvisionner car le prix pour la qualité parfumée a connu une augmentation. Pour le riz non parfumé, il y a une pénurie sur le marché ", constate-t-il.

Également commerçant en détail, Moustapha Barry embouche la même trompette. Entre pénurie et flambée des prix, le riz est aussi source d'inquiétude pour lui. Ainsi, il dit subir les remontrances des clients. " Je suis toujours obligé de fournir diverses explications aux clients qui peinent à comprendre les augmentations intempestives. Le sac de 25 kg par exemple est passé de 11 000 à 13 000 FCFA. Celui de 50 kg est passé de 21 000 à 24 000 FCFA.

Des facteurs exogènes à l'origine du problème

Pour le directeur exécutif de l'Association des Commerçants et industriels du Sénégal, Oumar Cissé, la hausse du prix du riz est favorisée par des facteurs exogènes. Il s'agit d'abord d'une pénurie sur le marché mondial. " Quand l'Inde réduit ses exportations pour sécuriser sa consommation intérieure, cela affecte plusieurs pays dont le Sénégal. Cette tension sur notre marché est en partie due à cela ", explique ce responsable d'un groupement des importateurs.

L'autre cause, selon Oumar Cissé, est le retard dans le transport des marchandises en raison des conflits sur la mer Rouge. " Quand le transport des produits est retardé, il y a forcément une tension. Et cela aboutit à l'augmentation des prix sur le marché ", explique le directeur exécutif de l'Acis. Pour lui, la solution reste l'autosuffisance en riz et la souveraineté alimentaire.

Ainsi, la solution à ses yeux, est de dépendre moins du marché extérieur en œuvrant pour la souveraineté alimentaire et l'autosuffisance en riz. Ce qui reste possible, selon lui, car le pays dispose d'eau, d'un climat favorable, de soleil et des ressources humaines nécessaires.

L'alerte des riziers

La situation interpelle l'Association nationale des riziers. Dans une note, elle indique que la campagne de récolte 2023 a été marquée par une chute catastrophique des rendements, des pertes de récoltes dévastatrices et des agriculteurs accablés par des dettes insurmontables.

Ainsi, l'organisation estime que le spectre du désastre plane sur la Campagne agricole 2024, aggravé par le manque de paddy et la fermeture imminente de nombreuses usines de transformation du riz.

Ainsi, pour éviter l'effondrement de la filière riz locale en 2024, elle préconise le strict respect du calendrier cultural. Pour les acteurs organisés autour de l'Anr, il est impératif de finaliser les récoltes avant le 15 juillet, ce qui nécessite un démarrage des semis avant le 15 février, avec un seuil limite du 15 mars à ne pas dépasser.

Le Sénégal a produit 1,3 million de tonnes de riz en 2021/2022. Cette même année, le pays a importé 1,48 million de tonnes pour un montant de 347 milliards FCFA. Il ressort ainsi que les ambitions du pays en matière d'autosuffisance en riz tardent encore à se concrétiser, ce qui l'expose en ce moment aux aléas du marché international.

Mouhamadou Dieng

Publié le 01/03/24 10:48

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