Le ministre tchadien des Finances, du Budget et des Comptes publics, Tahir Hamid Nguilin, a révélé dans une interview accordée à Jeune Afrique que, pour la seule année 2024, les exportations d'or issues de l'exploitation artisanale et destinées aux Émirats arabes unis ont atteint une valeur de 2 milliards de dollars.
L'or, principalement exploité de manière artisanale au Tchad, constitue depuis plusieurs années une ressource centrale pour les finances publiques. Le pays exporte déjà " au moins dix tonnes par an " d'or issu exclusivement de l'orpaillage, comme l'avait rappelé Tahir Hamid Nguilin lors d'une séance plénière devant les conseillers nationaux en décembre 2022. À l'époque, le ministre soulignait que l'augmentation des exportations avait entraîné une hausse des recettes douanières grâce à l'application d'un droit de sortie de 0,5 % et d'une redevance statistique de 2 % sur la valeur exportée, ramenée à 18 750 FCFA le gramme.Ces prélèvements avaient été fixés par arrêté en février 2022.
L'or est perçu à N'Djamena comme l'un des leviers majeurs du Plan national de développement. Les autorités estiment que la contribution du secteur minier au PIB, actuellement autour de 1 %, pourrait être multipliée par cinq d'ici 2030 si les multinationales et sociétés respectant les standards internationaux sont davantage associées au développement de la filière.
Mais cette ambition se heurte à l'ampleur du secteur informel. En juin 2022, le président de Transition, Mahamat Idriss Déby Itno, avait reconnu que l'exploitation et la vente clandestine d'or généraient 57 milliards de FCFA par semaine, échappant en grande partie aux caisses de l'État. La Banque mondiale a d'ailleurs estimé que la valeur de l'or sorti en contrebande dépassait largement les exportations officielles, chiffrées à environ 200 millions de dollars en 2020.
Les régions aurifères du Tibesti et du Batha, situées au nord du pays, concentrent la plupart de ces activités. Elles attirent plus de 40 000 orpailleurs venus du Soudan, du Niger, de Mauritanie, de Libye, de Centrafrique, du Nigeria, d'Algérie ou encore du Cameroun.
Pour limiter les sorties frauduleuses, le ministère des Finances a mis en avant la formation de ses cadres en gemmologie et en contrôle des métaux précieux. Le gouvernement annonce également vouloir investir dans des infrastructures de sécurité aux frontières, notamment par la construction de postes douaniers et la mise en place de services miniers et fiscaux.
À l'occasion des Journées du secteur minier organisées à N'Djamena en 2023, Mahamat Idriss Déby a annoncé la construction prochaine d'usines de transformation, dotées d'une capacité comprise entre 300 et 1 000 tonnes par jour. Cinq pour cent des revenus issus des exploitations doivent par ailleurs être affectés aux provinces productrices, avec un accent particulier sur le Tibesti, afin de financer des infrastructures sanitaires, éducatives, routières et environnementales.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 27/09/25 18:25