Un nouveau rapport d'impact publié par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) met en lumière l'ampleur et la portée du partenariat entre le Japon et l'Afrique, dans le cadre de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD). Entre 2023 et 2025, 73 projets ont été financés par le gouvernement japonais dans 39 pays africains, pour un montant global de 114,4 millions de dollars. Ces initiatives, déployées aussi bien dans des contextes fragiles que dans des régions en développement, traduisent une volonté de répondre concrètement aux défis liés à la stabilisation, à la bonne gouvernance et à la résilience économique.
Au Soudan du Sud, un programme de reconstruction communautaire a permis à plus de 2 000 jeunes et femmes de participer à des projets de travail contre rémunération. Ces activités ont offert bien plus qu'un revenu immédiat. Elles ont contribué à l'acquisition de compétences professionnelles, tout en permettant la réhabilitation d'infrastructures essentielles telles que des marchés, des abattoirs et des centres de formation. L'initiative s'est également distinguée par l'intégration d'un soutien psychosocial, touchant plus de 3 200 personnes affectées par les traumatismes du conflit.
Dans la région du Liptako-Gourma, qui regroupe le Mali, le Burkina Faso et le Niger, la Facilité de stabilisation a généré près de mille cinq cents emplois temporaires, accompagné la réhabilitation de routes et de systèmes de drainage et soutenu des coopératives agricoles dirigées par des femmes. Certaines d'entre elles, comme la coopérative INDEGUENE au Mali, ont vu leurs ventes progresser grâce à l'accès à des équipements solaires et à une formation commerciale ciblée.
Le bassin du lac Tchad a lui aussi bénéficié de ce partenariat. Plus de 160 000 personnes y ont été accompagnées à travers un projet de sécurité humaine. Les femmes, représentant plus de soixante-dix pour cent des bénéficiaires directs, ont été au cœur de cette approche inclusive, confirmant l'importance accordée à l'égalité et à l'autonomisation.
Des institutions renforcées et plus transparentes
En Éthiopie, la Facilité de soutien à la paix a permis la réhabilitation de 12 commissariats de police et la formation de plus de 4 900 fonctionnaires aux droits humains et à la justice transitionnelle. L'appui apporté a également favorisé la relance d'activités économiques pour 929 femmes et personnes en situation de handicap, tout en intégrant une dimension écologique à travers le reboisement et la gestion durable des terres.
Au Ghana, un projet de prévention de l'extrémisme violent a mobilisé plus de 500 acteurs institutionnels et 113 jeunes leaders. Des campagnes numériques et des dialogues communautaires ont contribué à renforcer l'Initiative d'Accra pour la paix régionale, montrant l'efficacité d'une approche participative et inclusive.
En Guinée-Bissau, le secteur de la santé a connu une véritable transformation. Vingt-cinq fonctionnaires ont été formés à la lutte contre la corruption et quatre réformes institutionnelles majeures ont été adoptées afin de renforcer la transparence et la redevabilité.
Mieux résister aux crises et bâtir la résilience
D'autres projets ont eu un impact direct sur les conditions de vie des populations. Au Cameroun, la réhabilitation de dix-huit centres de santé et de vingt-huit points d'eau solaires a amélioré l'accès aux soins maternels et à l'eau potable pour près de huit cent mille personnes. Au Botswana, dans le delta de l'Okavango frappé par la sécheresse, deux mille ménages ont reçu une aide alimentaire d'urgence tandis que vingt-trois jardins communautaires ont été modernisés grâce à des structures d'ombrage, renforçant ainsi la sécurité alimentaire et l'autonomisation des femmes et des jeunes.
En Tanzanie, la lutte contre la pêche illégale a profondément transformé les chaînes de valeur locales. Plus de trente séchoirs à poisson solaires ont permis d'améliorer l'hygiène, d'augmenter les prix de vente et de réduire les pertes post-récolte. Parallèlement, l'acquisition de navires de patrouille modernes a contribué à une baisse de plus de soixante pour cent des cas de chalutage illégal en une seule année.
Ce rapport d'impact illustre parfaitement que l'approche de co-création prônée par la TICAD n'est pas un simple slogan mais une pratique concrète. En associant systématiquement les communautés locales à la conception et à la mise en œuvre des projets, le partenariat Japon–Afrique démontre que les solutions deviennent plus inclusives, plus durables et véritablement transformatrices pour le continent.
Dr Ange Ponou
Publié le 19/08/25 21:29