Tourisme africain : Comment la MIGA attire capitaux et emplois en sécurisant l’hôtellerie

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Le tourisme reste l'un des leviers les plus prometteurs pour l'Afrique subsaharienne. Source majeure de devises et d'emplois, il pourrait générer à l'horizon 2033 jusqu'à 168 milliards de dollars de recettes et plus de 18 millions d'emplois.

Pourtant, ce potentiel reste freiné par une contrainte majeure : la difficulté d'attirer des capitaux internationaux dans un secteur jugé trop risqué par les investisseurs. L'Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA), membre du Groupe de la Banque mondiale, a choisi de s'attaquer directement à ce verrou.

Le risque, principal frein au développement hôtelier

Dans de nombreux pays africains, les investisseurs internationaux hésitent à financer l'hôtellerie en raison des incertitudes politiques, économiques et réglementaires. Restrictions sur les transferts, expropriations, troubles civils ; autant de risques qui refroidissent les grands bailleurs de fonds. Faute de garanties solides, des projets structurants peinent à voir le jour, ralentissant la modernisation des infrastructures touristiques.

C'est précisément sur ce terrain que la MIGA intervient, en apportant des assurances de long terme contre ces risques politiques. Ses garanties, pouvant couvrir des périodes allant jusqu'à 15 ans, créent un climat de confiance qui permet de débloquer des financements cruciaux.

Kasada, un pionnier de l'hôtellerie sécurisée

En 2021, la MIGA a signé un contrat-cadre avec Kasada Hospitality Fund L.P., un fonds basé à Maurice et spécialisé dans l'hôtellerie. L'objectif est de réaménager et construire des hôtels dans sept pays africains, du Cameroun au Rwanda, en passant par le Sénégal, la Côte d'Ivoire, le Nigéria et le Kenya.

En seulement trois ans, ce partenariat a permis la signature de 14 accords de garantie et la réalisation de 17 projets hôteliers représentant 2 900 chambres. Le tout adossé à un financement combiné de 160 millions de dollars d'IFC (Société financière internationale), en partenariat avec Proparco, filiale de l'Agence française de développement, dédiée au secteur privé.

À Abidjan, la garantie de la MIGA soutient la construction d'un complexe hôtelier de 170 chambres dans une zone encore peu desservie, intégré à un centre commercial respectant des normes de construction durable.

À Lagos, elle a facilité la rénovation et l'exploitation de l'hôtel Mövenpick Ikoyi, fort de 181 chambres. À Nairobi, l'intervention conjointe d'IFC, de Proparco et de la MIGA a permis de transformer un ancien Crowne Plaza en établissement modernisé, financé par 22 millions de dollars de prêts et protégé par une couverture contre les risques politiques de 27,5 millions de dollars.

Un levier massif pour l'investissement et l'emploi

Au total, les garanties accordées par la MIGA s'élèvent à 225 millions de dollars. Elles ont permis de mobiliser 450 millions de dollars d'investissements directs étrangers, dont près de la moitié dans des pays éligibles aux financements concessionnels de l'Association internationale de développement (IDA).

Ces projets devraient préserver ou créer environ 1 860 emplois directs. Mais l'impact dépasse largement ce chiffre. En Afrique, chaque chambre d'hôtel génère en moyenne entre 1,5 et 3 emplois directs, auxquels s'ajoutent des milliers d'emplois indirects et induits dans la chaîne de valeur touristique, depuis les services de restauration et de transport jusqu'aux activités artisanales et culturelles.

Au-delà des chiffres, ces projets incarnent un changement structurel. En sécurisant les investissements, la MIGA favorise l'émergence d'un marché hôtelier plus résilient et attractif. Elle envoie un signal clair aux investisseurs : l'Afrique peut être une destination rentable, à condition de disposer d'outils adaptés de gestion du risque.

Le tourisme africain se trouve ainsi à un tournant. Si les capitaux continuent d'affluer grâce à des mécanismes de garantie, le continent pourrait enfin convertir son potentiel touristique en un moteur durable de croissance inclusive. L'hôtellerie, souvent perçue comme un secteur de luxe, devient alors un vecteur stratégique de développement économique et social.

Dr Ange Ponou

Publié le 27/08/25 21:09

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