Et si le vent tournait enfin sur le marché du travail ouest-africain ? Après plusieurs trimestres d'incertitude, les signes de reprise se multiplient. Selon les dernières données publiées par la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), le taux d'occupation dans les principales agglomérations de l'Union a atteint 55,3% au deuxième trimestre 2025, contre 53,7% trois mois plus tôt. Une progression de 1,6 point de pourcentage qui traduit une embellie bienvenue pour des économies encore marquées notamment par la volatilité des prix mondiaux.
Le recul du chômage observé dans la zone UEMOA constitue une bouffée d'oxygène. Le taux de chômage déclaré s'établit à 11,4%, soit une baisse de 0,2 point par rapport au trimestre précédent et de 0,6 point sur un an. Certes, ces chiffres ne traduisent qu'une partie de la réalité (celle des grandes villes), mais ils dessinent une tendance encourageante : les ménages retrouvent progressivement des débouchés économiques.
Cette dynamique, bien qu'encore fragile, s'explique par plusieurs facteurs. D'abord, la reprise de la consommation intérieure, stimulée par la bonne campagne agricole et la modération des prix de l'énergie, a soutenu les secteurs du commerce et des services. Ensuite, les politiques publiques d'emploi mises en œuvre dans plusieurs pays, notamment les programmes de formation professionnelle et d'appui à l'entrepreneuriat, commencent à porter leurs fruits.
Les femmes et les jeunes en première ligne
Fait notable, la reprise profite davantage aux femmes et aux jeunes, deux catégories souvent les plus exposées à la précarité. Le taux de chômage féminin a reculé de 0,9 point, pour s'établir à 14,8%, tandis que celui des hommes baisse plus modestement, à 7,3%.
Chez les jeunes de 15 à 24 ans, la contraction atteint 0,7 point, et de 0,6 point pour les adultes de 25 à 34 ans. Ces évolutions traduisent une meilleure insertion des nouveaux entrants sur le marché du travail, souvent grâce à des emplois liés à l'économie numérique, à la logistique urbaine ou encore à l'agro-industrie.
En revanche, le chômage progresse légèrement chez les 35-64 ans, en hausse de 0,9 point, sans doute en raison de restructurations dans certains secteurs formels et de la concurrence accrue des plus jeunes sur les postes intermédiaires.
Dr Ange Ponou
Publié le 06/10/25 18:03