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L'ouverture des 32e Assemblées annuelles d'Afreximbank, ce 25 juin à Abuja, marque un tournant important avec la fin de l'ère Oramah, du nom du président sortant qui est à la tête de l'institution financière depuis 2015.
Portée par le thème ‘'Bâtir le futur sur des décennies de résilience'', cette édition incarne l'ambition d'un continent déterminé à prendre en main sa destinée économique, malgré les vents contraires d'un ordre mondial en recomposition.
Cette édition 2025 n'est pas seulement une célébration, elle ouvre une transition de leadership et un nouveau cycle d'engagement continental. ‘'Nous avons défendu l'idée d'une Afrique maîtresse de sa transformation, même dans les pires tempêtes'', a rappelé Benedict Oramah.
La Banque a injecté plus de 250 milliards de dollars dans l'économie africaine depuis sa création, soutenant les pays pendant les crises sanitaires, les chocs de matières premières ou les ruptures de chaînes d'approvisionnement. Aujourd'hui, elle se positionne comme un pilier de résilience et un levier d'autonomie stratégique pour le continent.
Un contexte mondial incertain, une réponse africaine assumée
Face à une géopolitique marquée par le repli sur soi, la montée du protectionnisme et la fragmentation des marchés, les discours d'ouverture ont résonné comme un manifeste pour une Afrique unie, souveraine et proactive.
Pour Wale Edun, ministre nigérian des Finances, ‘'l'Afrique doit non seulement s'adapter à ce nouvel ordre mondial, mais aussi en devenir un acteur central''. Le Nigéria, hôte de l'événement, a réaffirmé son engagement en faveur de l'intégration économique africaine, saluant le rôle catalyseur joué par Afreximbank dans le financement du commerce intra-africain, l'industrialisation et l'investissement dans les chaînes de valeur.
Diaspora, digital, capital humain ; les nouveaux leviers
Dans un message fort, le gouverneur de la Banque centrale du Nigéria, Dr Olayemi Cardoso, a insisté sur le rôle stratégique de la diaspora africaine, qu'il considère comme un moteur clé de l'investissement, des transferts de compétences et de l'innovation. Il a salué les efforts d'Afreximbank pour institutionnaliser les liens entre l'Afrique et sa diaspora, via la création de plateformes de financement innovantes.
Parallèlement, il a appelé à construire une Afrique fondée sur quatre piliers, à savoir la souveraineté énergétique et alimentaire, la transformation numérique, les institutions robustes et un secteur privé moteur d'opportunités. ‘'Afreximbank nous a permis de rêver grand. Il est désormais temps de réaliser ces rêves'', a-t-il lancé dans son intervention.
Le président de l'Africa Finance Corporation (AFC), Samaila Zubairu, a quant à lui, mis l'accent sur un enjeu crucial, celui de la mobilisation de l'épargne et du capital domestique africain pour financer le développement du continent. Avec plus de 4 000 milliards de dollars de capital local, dont une large part non bancaire, ‘'l'Afrique dispose des moyens de son ambition'', a-t-il affirmé.
L'entrée prochaine de la Banque africaine de développement dans l'Alliance des institutions financières africaines (AAMFI), portée par Afreximbank, symbolise cette volonté de construire une architecture financière intégrée, robuste, capable de répondre aux besoins du continent sans dépendre de capitaux extérieurs volatils.
Alors que le professeur Benedict Oramah s'apprête à passer le témoin, son bilan reste celui d'une institution devenue stratégique, tant sur le plan économique que politique. Son successeur aura la lourde tâche de maintenir ce cap, en l'occurrence soutenir une Afrique qui exporte, qui transforme, qui investit en elle-même et qui parle d'une seule voix dans les forums internationaux.
Envoyé spécial à Abuja, Nigéria
Dr Ange Ponou
Publié le 26/06/25 21:13
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