Afrique : La BAD rehausse ses prévisions de croissance pour 2025 et 2026

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L'Afrique entre dans la période 2025-2026 avec un vent arrière plus fort que prévu. La Banque africaine de développement (BAD) rehausse nettement ses perspectives de croissance et dessine le portrait d'un continent capable de rebondir malgré un environnement mondial difficile. Mais derrière cette dynamique positive se cachent des fragilités profondes qui conditionneront la trajectoire réelle des économies africaines.

Selon l'édition de novembre 2025 du rapport ‘'Performance et perspectives macroéconomiques de l'Afrique'', publié par la BAD, la croissance du PIB réel africain devrait atteindre 4,2% en 2025 et 4,3% en 2026, soit une amélioration de 0,3 point chaque année par rapport aux prévisions de mai 2025. Ce relèvement concerne 26 pays en 2025 et 33 pays en 2026, signe d'une dynamique largement partagée.

Plusieurs facteurs expliquent cette embellie. La consommation privée progresse plus rapidement qu'anticipée dans des économies comme l'Égypte, le Ghana, le Maroc ou l'Afrique du Sud, nourrie par les hausses de salaires publics et privés. La détente monétaire dans plusieurs pays et l'affaiblissement du dollar, en repli de 6,7% entre janvier et septembre 2025, soutiennent la désinflation. Les exportations africaines profitent également d'une croissance plus robuste chez les partenaires commerciaux, tandis que la décision de la Chine de supprimer les droits de douane sur les importations en provenance de 53 pays africains amortit la fin de l'African Growth and Opportunity Act (AGOA).

La performance africaine reste ainsi supérieure à la moyenne mondiale, attendue à 3,2% en 2025 et 3,1% en 2026, seules les économies asiatiques affichant de meilleurs résultats.

Des dynamiques régionales très contrastées

Avec 5,9% de croissance en 2025 et 6,2% en 2026, l'Afrique de l'Est conserve son statut de région la plus dynamique du continent. La croissance 2025 est légèrement réduite, mais les perspectives pour 2026 sont rehaussées. Le Soudan illustre la volatilité régionale en passant d'une récession de 13,5% en 2024 à une croissance attendue de 1,5% en 2025.

La région Afrique de l'Est est suivie par l'Afrique du Nord dont la croissance est désormais attendue à 4,3% en 2025 et 4,1% en 2026, portée par la reprise pétrolière. La Libye, notamment, voit sa prévision bondir à 12,4% grâce à une production attendue de 1,4 million de barils par jour en 2025.

Les perspectives de l'Afrique centrale passent à 3,9% en 2025 et 4,2% en 2026. Le Congo fait exception, pénalisé par la chute des prix du pétrole, un secteur qui pèse 25% du PIB, 90% des exportations et 65% des recettes fiscales.

L'Afrique de l'Ouest devrait voir sa production progresser à 4,8% en 2025 et 4,6% en 2026, tirée notamment la vigueur retrouvée de la croissance au Nigeria et au Ghana. Ce dernier devrait voir son PIB réel croître de 5,5% en 2025, porté par sa trajectoire de réformes et l'appréciation de 20% du cedi. Quant à Abuja, sa prévision de croissance a été relevée à 4% en 2025, grâce à la bonne tenue des services et à la stabilisation du change. Le tableau est toutefois moins homogène, le Sénégal voyant sa prévision reculer à 8,1%.

Enfin, l'Afrique australe devrait rester la région la moins dynamique, avec 2,2% en 2025 et 2,4% en 2026. Plusieurs pays voient leurs prévisions révisées à la baisse, notamment l'Eswatini, le Botswana, le Malawi ou le Mozambique. Seule l'Afrique du Sud surprend positivement, avec une croissance relevée à 1,2%, portée par un rebond industriel et une accalmie dans les délestages.

La révision des perspectives met en lumière un rééquilibrage en faveur des économies riches en ressources. Les exportateurs de pétrole voient leur croissance 2025 relevée à 3,7%, tandis que les autres économies axées sur les matières premières atteignent 3,5%. Les pays non intensifs en ressources conservent la croissance la plus rapide, 5,3%, mais elle est légèrement abaissée.

Les économies dépendantes du tourisme restent stables à 3,4%, bénéficiant d'investissements dans les infrastructures, le numérique et les énergies renouvelables, notamment à Maurice, aux Seychelles et au Cap-Vert.

Les conflits internes, les faiblesses institutionnelles, les tensions budgétaires et les chocs climatiques continuent de peser sur les économies. Les réformes structurelles avancent de manière inégale, amplifiant les écarts entre les économies les plus résilientes et les plus fragiles.

Dr Ange Ponou

Publié le 27/11/25 19:21

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