L'Afrique entre dans une nouvelle ère de mobilité durable. En effet, la start-up africaine Spiro, pionnière de la mobilité électrique sur le continent, vient de boucler un tour de table historique de 100 millions de dollars, soit 56,5 milliards FCFA, mené par le Fonds pour le développement des exportations en Afrique (FEDA), branche d'investissement d'Afreximbank. Il s'agit du plus important financement jamais réalisé en Afrique dans le domaine des véhicules électriques à deux roues, une levée de fonds qui place Spiro au cœur de la révolution énergétique et industrielle du continent.
Ce nouvel investissement, dont 75 millions de dollars proviennent de la FEDA, permettra à Spiro de déployer 100 000 motos électriques d'ici fin 2025, soit quatre fois plus que son parc actuel. Aujourd'hui, Spiro exploite plus de 60 000 motos électriques et 1 500 stations d'échange de batteries dans six pays : le Bénin, le Togo, le Nigeria, le Kenya, le Rwanda et l'Ouganda, tout en lançant des projets pilotes en Tanzanie et au Cameroun. En 2025, l'entreprise ambitionne de s'imposer comme le premier réseau panafricain de mobilité électrique, capable de rivaliser avec les géants asiatiques du secteur.
Le succès de Spiro repose sur un modèle d'échange de batteries qui contourne les obstacles majeurs à l'adoption des véhicules électriques en Afrique : coût, recharge et fiabilité énergétique. Plutôt que de brancher leurs motos, les conducteurs échangent simplement leurs batteries dans les stations du réseau, évitant ainsi les temps d'arrêt et réduisant leurs coûts de carburant jusqu'à 30%.
Ce système séduit particulièrement les conducteurs de moto-taxis, appelés boda boda ou okada, qui parcourent en moyenne 150 à 200 km par jour. Selon Spiro, ses utilisateurs économisent jusqu'à 3 dollars par jour en frais de carburant et d'entretien, un gain considérable sur un marché dominé par les deux-roues thermiques importés.
En parallèle, l'entreprise développe quatre usines d'assemblage locales, au Kenya, au Nigeria, au Rwanda et en Ouganda, qui produisent motos et composants clés. L'objectif : porter la part d'approvisionnement local de 30% à 70% d'ici 2027, stimulant ainsi la création de milliers d'emplois dans la fabrication, la logistique et la maintenance.
En combinant innovation technologique, production locale et soutien institutionnel fort, Spiro s'impose comme le symbole d'une Afrique qui invente sa propre voie vers la mobilité durable. Au-delà du transport, c'est tout un écosystème industriel et énergétique africain que cette levée de fonds contribue à bâtir, par des Africains, pour les Africains.
Narcisse Angan
Publié le 24/10/25 18:02