Une nouvelle offensive judiciaire cible Apple aux États-Unis. Après les procédures engagées par la République démocratique du Congo (RDC) en Europe, l'ONG américaine International Rights Advocates (IRAdvocates) a déposé, mardi, une plainte devant la Cour supérieure du district de Columbia, accusant le fabricant de l'iPhone de continuer à utiliser des minerais issus de zones de conflit en RDC et au Rwanda. Une accusation que le groupe californien conteste fermement depuis plusieurs années.
Cette nouvelle action intervient après l'échec, l'an dernier, d'une première plainte d'IRAdvocates visant Apple, Tesla et d'autres entreprises technologiques sur leur approvisionnement en cobalt. Elle intervient également dans un contexte européen défavorable à Kinshasa. En décembre, les procureurs français ont classé sans suite la plainte pénale déposée par la RDC contre des filiales d'Apple, faute de preuves suffisantes, tandis qu'une action similaire demeure en cours d'instruction en Belgique.
Dans sa plainte, l'organisation basée à Washington — qui utilise le contentieux comme levier contre les violations des droits humains — affirme que la chaîne d'approvisionnement d'Apple continue d'inclure du cobalt, de l'étain, du tantale et du tungstène, tous associés, selon elle, au travail des enfants, au travail forcé et à des groupes armés opérant en RDC et au Rwanda.
L'ONG cite notamment trois fonderies chinoises — Ningxia Orient, JiuJiang JinXin et Jiujiang Tanbre — accusées par des enquêteurs de l'ONU et par Global Witness d'avoir traité du coltan introduit en contrebande via le Rwanda après la prise de mines par des groupes armés dans l'Est de la RDC. La plainte soutient que ce circuit relie indirectement ces minerais à Apple.
L'argumentaire intègre également les conclusions d'une étude de l'Université de Nottingham publiée en 2025, faisant état de la présence de travail forcé et d'enfants sur des sites miniers congolais liés à des fournisseurs du groupe. Les trois entreprises chinoises mentionnées n'ont pas répondu aux sollicitations.
Apple dément, invoque audits et approvisionnements recyclés
Apple n'a pas réagi immédiatement à la nouvelle plainte, mais sa ligne de défense reste inchangée. Le groupe rappelle régulièrement qu'il impose à ses fournisseurs un strict code de conduite, appuyé par des audits internes et externes. En décembre, la firme affirmait qu'il n'existait "aucune base raisonnable" pour établir que les fonderies ou raffineries de sa chaîne d'approvisionnement financent des groupes armés en RDC ou dans les pays voisins.
Concernant le cobalt, Apple assure que 76% de la matière utilisée dans ses appareils était recyclée en 2024. IRAdvocates conteste cependant cette méthodologie, affirmant que la comptabilisation adoptée par le groupe permettrait de mélanger cobalt recyclé et cobalt extrait dans des zones de conflit.
Une bataille qui s'inscrit dans un contexte géopolitique lourd
La nouvelle procédure intervient alors que la RDC demeure la principale source mondiale de cobalt — environ 70% de la production — ainsi qu'un fournisseur majeur d'étain, de tantale et de tungstène, des minerais essentiels à l'industrie électronique mondiale. Les autorités congolaises estiment que plusieurs groupes armés présents dans l'est du pays tirent profit de ces minerais pour alimenter un conflit ayant fait des milliers de morts et déplacé des centaines de milliers de personnes. Kinshasa affirme avoir renforcé les mécanismes de traçabilité et de contrôle, ce qui a contribué à réduire l'offre mondiale.
La Rédaction
Publié le 27/11/25 11:04