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Le Cameroun persiste dans sa stratégie de gestion active de la dette publique, malgré deux émissions récemment sanctionnées par des résultats inférieurs aux attentes sur le marché des titres publics de la CEMAC. Après avoir échoué à mobiliser les montants souhaités les 7 et 16 avril 2025, le Trésor public camerounais revient à la charge cette semaine avec de nouvelles opérations totalisant 40 milliards FCFA, dans un contexte régional marqué par la rareté de la liquidité et l'augmentation du coût de l'argent.
La première déconvenue remonte au 7 avril. Ce jour-là, le Cameroun cherchait à lever 50 milliards FCFA via deux adjudications, soit 25 milliards en Bons du Trésor Assimilables (BTA) à 52 semaines, et 25 autres milliards en Obligations du Trésor Assimilables (OTA) à 3 ans. Si la première opération a permis de lever 22,5 milliards FCFA, la seconde n'a rapporté que 9 milliards, soit un taux de couverture de 56 %. En tout, seuls 31,5 milliards ont été mobilisés, bien en deçà des objectifs fixés.
Neuf jours plus tard, le 16 avril, le Trésor camerounais tentait une nouvelle levée, cette fois-ci via deux OTA. La première, d'une maturité de 3 ans au taux facial de 6 %, portait sur un montant mis en adjudication de 15 milliards FCFA. L'émission a été jugée infructueuse. La seconde OTA, à 10 ans et rémunérée à 8 %, visait 10 milliards FCFA. Le trésor public camerounais a pu lever la somme recherchée avec un taux de souscription de 114,81% et un prix moyen pondéré de 91,07%.
Dans la même séquence, 2 abondements ont été opérés sur deux OTA à 3 ans (6,25 %, échéance mai 2027 ; 6,50% échéance juin 2027), pour un montant visé de 15 milliards FCFA pour chaque opération. Là encore, la performance a été modeste. Seuls 3,5 milliards ont été collectés, avec un taux de participation des SVT de 4,54 % et un taux de souscription de 23,33 % pour la première opération, et 3,001 milliards FCFA avec un taux de souscription de 20% pour la seconde. Un dernier abondement a été effectué par le Cameroun sur une OTA de 7 ans (15 milliards de FCFA) rémunéré à 6,50%. Cette fois, Yaoundé a presque levé la totalité de la somme, soit un montant consolidé de 13,4 milliards de FCFA avec un taux de souscription de 89,48% et au prix moyen pondéré de 100,8%. En définitive, le Cameroun n'a pu lever que 29,90 milliards de FCFA sur des objectifs de 70 milliards FCFA.
Une pression croissante sur la trésorerie
Ces émissions surviennent alors que le pays fait face à d'importantes échéances. Le 10 avril, le Cameroun a procédé au remboursement d'une OTA à 5 ans pour un montant massif de 76,6 milliards FCFA. À cela se sont ajoutés plusieurs paiements d'intérêts cette semaine-là. Il s'agissait notamment de 4,37 milliards FCFA pour l'OTA 5 ans, 325,7 millions FCFA pour une OTA à 2 ans, et 600 millions FCFA pour une OTA à 3 ans. En tout, plus de 81,9 milliards FCFA ont été déboursés, contre 31,5 milliards levés.
Sur la période du 14 au 18 avril, le Cameroun a continué à apurer sa dette intérieure à travers trois remboursements de BTA. 67,69 milliards FCFA pour un BTA à 13 semaines, 18,01 milliards pour un BTA à 26 semaines, et 20,22 milliards pour un BTA à 52 semaines, soit un total de 105,92 milliards FCFA remboursés en capital sur cette semaine uniquement.
Une nouvelle offensive sur le marché
Malgré cette conjoncture tendue, le Cameroun repart sur le marché des titres de la CEMAC du 21 au 25 avril. Le programme comprend trois nouvelles émissions et un paiement d'intérêt. Le 21 avril, émission d'un BTA à 13 semaines pour 10 milliards FCFA, avec règlement prévu le 23 avril. Le même jour, une autre adjudication vise à lever 15 milliards FCFA via un BTA à 52 semaines, règlement également fixé au 23 avril. Le 23 avril, le Trésor procédera au remboursement d'un BTA à 26 semaines pour 15 milliards FCFA. En tout, le Cameroun entend lever cette semaine 25 milliards FCFA (hors abondement) sur le marché monétaire, en parallèle d'un remboursement de 15 milliards et d'un paiement.
Un marché en repli, des marges de manœuvre réduites
Pour les autorités camerounaises, ces échecs répétés traduisent une conjoncture défavorable. Le directeur général du Trésor, Moh Sylvester Tangongho, l'a rappelé lors du colloque international sur la dette souveraine des États de la CEMAC tenu les 10 et 11 avril à Yaoundé. " Les taux d'intérêts sont élevés. Il y a deux ans, on levait les bons du Trésor de 3 à 6 mois à 2,2 %. Actuellement, on est à 6 %, 6,5 % ", a-t-il souligné. Plus inquiétant encore, les taux de couverture se sont effondrés. " Avant, on avait des taux de couverture qui allaient jusqu'à 300 %. Aujourd'hui, on peine parfois à lever la totalité des montants sollicités ", a-t-il conclu.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 23/04/25 14:44
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