Volatilité record, baisse généralisée : 2026, l’année des matières premières bon marché

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D'ici 2026, les prix mondiaux des produits de base atteindront leur niveau le plus bas depuis six ans, d'après les dernières prévisions de la Banque mondiale, présentées dans son rapport Commodity Markets Outlook publié le 29 avril. Après une baisse de 12% attendue en 2025, un nouveau repli de 5% est prévu en 2026.

Cette contraction, alimentée par un ralentissement généralisé de la croissance et une offre abondante, notamment dans le secteur pétrolier, devrait apaiser les tensions inflationnistes à court terme. Toutefois, elle compromet directement les perspectives de croissance de deux économies en développement sur trois, dépendantes des exportations de matières premières.

En valeur nominale, les prix resteront supérieurs à ceux d'avant la pandémie. Mais en termes réels – ajustés de l'inflation – ils passeront pour la première fois sous la moyenne enregistrée entre 2015 et 2019. Cette correction met fin à la flambée des prix déclenchée par le rebond économique post-Covid et accentuée par l'invasion de l'Ukraine en 2022. Depuis 2020, les cycles des prix des matières premières se sont accélérés : alors qu'ils duraient en moyenne quatre ans depuis 1970, ils n'excèdent plus deux ans sur la période 2020-2024. Une dynamique qui fragilise la planification budgétaire et décourage les investissements à long terme.

Le recul des prix de l'énergie est particulièrement marqué. En 2025, les prix devraient chuter de 17%, avant de se contracter encore de 6% en 2026. Le baril de Brent, estimé à 81 dollars en 2024, passerait à 64 dollars en 2025 puis à 60 dollars en 2026. Cette tendance est soutenue par un excédent d'offre : en 2025, la production mondiale dépassera la demande de 0,7 million de barils par jour.

La transition énergétique accentue ce déséquilibre. En Chine, 40% des voitures neuves vendues en 2023 étaient électriques ou hybrides, contre 14% en 2021, ce qui en fait le premier marché de véhicules à batteries au monde. Le charbon n'échappe pas à la tendance : ses prix devraient chuter de 27% cette année et encore de 5% en 2026, en raison du ralentissement de la consommation électrique dans les pays émergents.

Les produits alimentaires affichent également une baisse continue : moins 7% en 2025 et moins 1% en 2026. Pourtant, selon les Nations unies, l'insécurité alimentaire aiguë devrait s'aggraver et toucher 170 millions de personnes dans 22 économies vulnérables. Cette contradiction s'explique par la faiblesse des financements humanitaires et la persistance des conflits, qui restent la première cause de la faim. La baisse des prix pourrait certes alléger le coût des aides alimentaires, mais ne suffira pas à corriger les déséquilibres structurels.

Dans un contexte d'incertitude géopolitique accrue, l'or continue de jouer son rôle de valeur refuge. Son prix moyen atteindra un record en 2025, avant de se stabiliser en 2026 à un niveau supérieur de 150% à celui observé entre 2015 et 2019. À l'opposé, les métaux industriels enregistreront une baisse en 2025 et 2026, conséquence directe du repli de la demande en Chine, du ralentissement de l'immobilier et de l'alourdissement des barrières commerciales dans les grandes économies.

L'impact de cette volatilité est amplifié pour les pays en développement. Deux tiers d'entre eux sont des exportateurs nets de matières premières. Si les prix élevés observés ces dernières années leur ont permis de soutenir leurs recettes publiques, la combinaison actuelle de volatilité extrême et de niveaux bas constitue une menace directe pour leur équilibre budgétaire. Indermit Gill, économiste en chef de la Banque mondiale, recommande un triptyque de réponses : rétablir la discipline budgétaire, assouplir le cadre réglementaire pour attirer les capitaux privés et renforcer l'ouverture commerciale chaque fois que possible.

La volatilité des prix depuis 2020 est comparable à celle observée dans les années 1970, selon la Banque mondiale. Ayhan Kose, directeur de la cellule Perspectives, estime que ce phénomène pourrait devenir la norme dans un monde marqué par l'augmentation des tensions géopolitiques, la multiplication des catastrophes climatiques et l'essor de la demande en minerais critiques. Pour les économies les plus vulnérables, la seule réponse viable est la constitution de marges budgétaires solides, le renforcement des institutions économiques et l'amélioration de l'attractivité de leur environnement d'affaires.

La Rédaction

Publié le 30/04/25 11:39

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