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Il fut un temps où la Côte d'Ivoire pouvait s'énorgueillir de disposer d'une industrie textile florissante, débouché naturel de sa production cotonnière. Gonfreville à Bouaké, Utexi à Dimbokro, Cotivo à Agboville : ces entreprises étaient des pôles d'attraction qui animaient la dynamique économique dans les villes, et au-delà dans les régions où elles étaient implantées. Mais depuis le début des années 2 000, elles ne sont plus que l'ombre d'elles-mêmes. Et la volonté maintes fois exprimée par les autorités de les relancer n'a jusque-là pas encore produit les effets escomptés.
La Côte d'Ivoire, leader économique de la zone UEMOA, possède un secteur textile en plein essor. Avec une production de coton en hausse constante et un engagement gouvernemental fort pour développer l'industrie locale, le pays a le potentiel de devenir un acteur majeur du textile en Afrique de l'Ouest. Cependant, des obstacles importants subsistent et empêchent le secteur d'atteindre son plein potentiel. Cet article examine les défis auxquels l'industrie textile ivoirienne est confrontée et explore les opportunités de croissance pour l'avenir.
L'histoire du textile en Côte d'Ivoire est marquée par des hauts et des bas. Introduite au début du XXe siècle, la culture du coton a connu un développement rapide, soutenu par l'expertise technique française. L'industrie textile ivoirienne a prospéré après l'indépendance, employant plus de 4 000 personnes et transformant localement 20% de la production de coton.
Cependant, la concurrence asiatique, notamment chinoise, a frappé durement l'industrie textile ivoirienne à partir des années 1990. Les entreprises locales ont subi des baisses de rendement et la crise militaro-politique des années 2000 a porté un coup fatal au secteur. Les usines ont été pillées, la production a chuté et la contrebande de textiles étrangers a inondé le marché local.
La relance d'un secteur stratégique
Depuis 2012, le Gouvernement ivoirien s'est engagé à relancer le secteur textile, considéré comme stratégique pour la création d'emplois et le développement économique du pays. Des réformes ont été mises en place pour améliorer les revenus des producteurs, professionnaliser le secteur agricole et stimuler la production de coton.
Ces efforts ont porté leurs fruits : la production de coton graine a plus que doublé entre 2010 et 2020, passant de 175 000 tonnes à 490 000 tonnes. La Côte d'Ivoire est aujourd'hui l'un des premiers producteurs de fibre de coton en Afrique. Cependant, la quasi-totalité de cette production est exportée, principalement vers les pays asiatiques.
Les défis de la transformation locale
Malgré la croissance de la production de coton, la transformation locale reste faible en Côte d'Ivoire. Seulement 3,7% de la production de fibre de coton a été transformée localement en 2019. Plusieurs facteurs expliquent cette situation. Le manque de compétitivité est de loin la première menace. Les industries ivoiriennes de filature et de tissage souffrent de la concurrence des produits textiles étrangers, notamment asiatiques, qui inondent le marché local, parfois par contrebande, à des prix très compétitifs.
Les coûts de production élevés par rapport aux pays concurrents en Asie sont également pointés du doigt par les spécialistes dans un contexte où le prix de l'électricité est jugé particulièrement élevé, tout comme la main-d'œuvre considérée comme plus chère que dans des pays comme le Ghana ou l'Éthiopie, en plus d'être moins qualifiée. Ce, en plus de la question récurrente d'accès au financement et du cadre règlementaire jugé complexe et peu incitatif pour les investissements dans le secteur textile.
Ces insuffisances ont poussé le Gouvernement à prendre les devants, à travers le CEPICI, l'agence publique de promotion des investissements. L'agence qui avait bénéficié de l'appui de l'Institut Tony Blair, est engagée dans des actions de promotion de la filière cotonnière locale auprès des groupes internationaux. Mais également, une zone industrielle dédiée à l'industrie textile est annoncée à Bouaké, la grande ville du centre ivoirien autrefois le bassin de l'industrie textile nationale. Une approche qui semble donner ses premiers résultats.
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Jean Mermoz Konandi
Publié le 30/04/25 13:09
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