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Simon TIEMTORE, Président Directeur Général du Groupe Vista :
Notre ambition est de porter notre présence à 25 pays à l'horizon 2026
À la tête du Groupe Vista, l'un des groupes bancaires panafricains en pleine ascension, Simon TIEMTORE a accordé une interview exclusive à Sika Finance en marge des 32e Assemblées annuelles d'Afreximbank à Abuja, au Nigéria. Il y revient sur la santé robuste de Vista, son déploiement stratégique sur le continent et hors d'Afrique, sa vision de l'inclusion financière portée par les fintechs, ainsi que les ambitions d'introduction en bourse du groupe à moyen terme. Dans un contexte de recomposition des flux financiers mondiaux, il réaffirme également le rôle clé du partenariat avec Afreximbank dans la structuration d'une infrastructure bancaire africaine capable de répondre aux défis du commerce international.
Quel est aujourd'hui l'état de santé du Groupe Vista ?
Le Groupe Vista se porte remarquablement bien. Cette solidité s'explique par les performances actuelles de l'ensemble de nos entités, qui font de nous l'un des groupes bancaires panafricains les plus dynamiques et les mieux capitalisés. Nous nous distinguons par une vision stratégique claire, une ambition d'expansion maîtrisée et une capacité d'exécution soutenue.
Nous bénéficions de la confiance des régulateurs, des marchés financiers, des États partenaires ainsi que de nos clients, dont la demande pour nos services ne cesse de croître dans les différents pays où nous sommes implantés.
Cette trajectoire positive repose également sur la qualité de notre gouvernance, mise en œuvre sous le leadership avisé de notre Directeur Général du groupe bancaire, M. Yao Kouassi. Celui-ci est entouré d'une équipe dirigeante expérimentée au niveau de la holding, qui veille rigoureusement au respect des meilleures pratiques.
La compétence des directeurs généraux à la tête de nos filiales, tout comme l'engagement de nos collaborateurs et collaboratrices à travers les différentes géographies, constitue un atout majeur. Tous ces éléments réunis nous permettent d'affirmer que le Groupe Vista est non seulement en excellente santé, mais également en phase d'expansion accélérée.
L'agrément récemment obtenu pour l'ouverture d'une représentation à Paris marque une étape importante dans l'expansion internationale de Vista. Quelle est la portée stratégique de cette implantation hors du continent africain, et comment envisagez-vous d'y renforcer les flux financiers, notamment les transferts et le financement du commerce entre l'Europe et l'Afrique ?
Notre expansion vers l'Europe, le Moyen-Orient, et à moyen ou long terme vers l'Asie, s'inscrit dans une stratégie délibérée visant à mettre en place une infrastructure robuste capable de soutenir durablement les activités bancaires du groupe sur le continent africain.
Nous faisons en effet face à un retrait progressif mais significatif de plusieurs grands groupes bancaires internationaux, qui assuraient historiquement des services essentiels tels que la banque correspondante, la confirmation des lettres de crédit ou encore les paiements internationaux. Lorsqu'ils se désengagent, ces services disparaissent brutalement, créant un vide opérationnel pour les acteurs africains.
Notre expansion vers l'Europe, le Moyen-Orient, et à moyen ou long terme vers l'Asie, s'inscrit dans une stratégie délibérée visant à mettre en place une infrastructure robuste capable de soutenir durablement les activités bancaires du groupe sur le continent africain.
Face à cette situation, il nous revient, en tant que groupe bancaire panafricain, de bâtir notre propre réseau d'infrastructures afin de garantir la continuité et la fiabilité de ces services pour nos clients. Cela concerne aussi bien les États que les entreprises et les particuliers engagés dans des opérations commerciales avec le reste du monde.
C'est dans cette optique que nous avons établi une présence en France, et que nous poursuivons notre développement au Moyen-Orient, avec pour objectif de mieux accompagner les économies africaines dans leurs échanges internationaux. Il s'agit là d'une étape stratégique majeure pour le Groupe Vista, dont nous sommes particulièrement fiers.
Le Groupe Vista est-il aujourd'hui implanté dans l'ensemble des grandes régions d'Afrique ?
Cette répartition géographique nous confère une diversification régionale cohérente, répartie sur quatre grandes zones économiques clés. Elle nous permet non seulement d'avoir une vision panoramique des dynamiques et des opportunités en Afrique, mais aussi de mieux appréhender les flux et les synergies entre le continent africain et le reste du monde.
Nous sommes actuellement implantés dans plusieurs zones économiques stratégiques. En Afrique de l'Ouest, notre présence couvre la Zone monétaire ouest-africaine (ZMAO), à travers la Guinée, la Gambie et la Sierra Leone, ainsi que l'Union monétaire ouest-africaine (UMOA), via notre implantation au Burkina Faso. Nous opérons également en Afrique australe, notamment au Mozambique, et disposons d'une représentation en Europe, à travers notre succursale en France.
Cette répartition géographique nous confère une diversification régionale cohérente, répartie sur quatre grandes zones économiques clés. Elle nous permet non seulement d'avoir une vision panoramique des dynamiques et des opportunités en Afrique, mais aussi de mieux appréhender les flux et les synergies entre le continent africain et le reste du monde. Notre présence en France, en particulier, joue un rôle central dans l'analyse et la facilitation des échanges entre l'Europe et l'Afrique.
Quels sont les critères déterminants que vous prenez en compte dans le choix de vos implantations régionales ?
Notre ambition est de porter notre présence à 25 pays à l'horizon 2026. Cette expansion se fera de manière progressive et sélective, en privilégiant des marchés stratégiques qui nous permettront de jouer pleinement notre rôle de partenaire du développement économique des États africains.
Notre approche d'expansion repose sur une logique stratégique claire : l'Afrique a besoin d'institutions financières disposant de bilans solides, capables de soutenir les opportunités économiques du continent de manière structurelle et durable.
Les critères que nous nous fixons dans le choix de nos implantations répondent à une double exigence : renforcer notre impact à l'échelle régionale et optimiser la couverture géographique depuis des points d'ancrage stratégiques. À titre d'exemple, notre présence au Burkina Faso nous permet de desservir l'ensemble de la zone UEMOA de manière efficace.
Nous poursuivons cette même logique pour la zone CEMAC, où nous envisageons une implantation dans un pays pivot, afin de rayonner sur l'ensemble de cette région. Il s'agit, plus globalement, de tirer parti de l'architecture monétaire et économique sous-régionale de l'Afrique, notamment les zones UEMOA, CEMAC et ZMAO, pour structurer notre développement autour de pôles régionaux cohérents.
Nous sommes déjà actifs dans la ZMAO à travers la Guinée, la Gambie, la Sierra Leone, ainsi qu'au Mozambique. Notre ambition est de porter notre présence à 25 pays à l'horizon 2026. Cette expansion se fera de manière progressive et sélective, en privilégiant des marchés stratégiques qui nous permettront de jouer pleinement notre rôle de partenaire du développement économique des États africains.
L'inclusion financière est devenue un enjeu central pour le développement économique de notre région. Dans ce contexte, les fintechs parviennent, dans bien des cas, à toucher des segments de population que les établissements bancaires traditionnels peinent encore à atteindre. Face à cette dynamique, quelle est la stratégie déployée par le Groupe Vista pour favoriser une bancarisation plus large et inclusive à l'échelle du continent africain ?
Les fintechs apportent une expertise ciblée sur des segments que les banques, en raison de contraintes réglementaires ou de modèles économiques différents, ne peuvent toujours adresser directement. C'est pourquoi nous les encourageons à se développer, car elles contribuent à élargir l'offre de services financiers et à favoriser l'inclusion économique sur le continent. Derrière chaque solution fintech performante, il y a souvent une infrastructure bancaire solide.
Les fintechs ne sont pas en concurrence avec les banques, elles en sont au contraire des partenaires naturels. Leur modèle d'activité, bien que complémentaire, diffère de celui des établissements bancaires traditionnels, notamment en matière d'exigences réglementaires telles que le KYC (Know Your Customer) et dans leur capacité à offrir des services à forte intensité technologique, centrés sur les micro-transactions.
Cela étant, les fintechs ont besoin d'un adossement solide pour se développer, tant sur le plan de l'infrastructure que des processus opérationnels. C'est dans ce cadre que s'inscrit notre logique de partenariat. Les banques jouent un rôle de socle dans l'écosystème des fintechs, en leur apportant le soutien nécessaire à leur implantation et à leur croissance.
Les fintechs apportent une expertise ciblée sur des segments que les banques, en raison de contraintes réglementaires ou de modèles économiques différents, ne peuvent toujours adresser directement. C'est pourquoi nous les encourageons à se développer, car elles contribuent à élargir l'offre de services financiers et à favoriser l'inclusion économique sur le continent. Derrière chaque solution fintech performante, il y a souvent une infrastructure bancaire solide.
De notre côté, afin de mieux nous rapprocher des populations, nous avons initié des dispositifs innovants, à l'image du ‘'Concept Store'', un modèle que nous avons lancé en Guinée et récemment étendu au Burkina Faso. Il s'agit d'un espace intégré, à mi-chemin entre agence bancaire et centre de services, conçu comme un véritable *marketplace* regroupant des offres bancaires (Vista Bank), assurantielles (Vista Assurance), ainsi que des partenaires commerciaux.
Ce modèle permet d'associer divers acteurs économiques – agences de voyage, concessionnaires automobiles, fournisseurs d'électroménager, promoteurs immobiliers, etc. – autour d'un point d'accès unique. Il facilite l'octroi de crédits à la consommation directement sur site, tout en valorisant l'entrepreneuriat local et l'autonomisation économique des femmes.
Le Concept Store rencontre un fort engouement en Guinée, et les premiers retours au Burkina Faso sont très encourageants. Nous avons l'ambition de déployer ce modèle dans l'ensemble des pays où Vista est présent, afin de renforcer notre proximité avec les clients et d'accompagner concrètement les dynamiques locales d'inclusion financière.
Envisagez-vous, à moyen terme, une ouverture du capital du Groupe Vista à l'épargne populaire, notamment au sein de la zone UEMOA ?
L'ouverture du capital du Groupe Vista au public interviendra dans un avenir relativement proche. Nous sommes actuellement dans une phase de croissance soutenue et de consolidation de nos activités. Une fois cette étape de stabilisation atteinte, nous envisageons sérieusement une introduction en bourse, notamment sur la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), afin de permettre une ouverture progressive de notre actionnariat au public.
L'ouverture du capital du Groupe Vista au public interviendra dans un avenir relativement proche. Nous sommes actuellement dans une phase de croissance soutenue et de consolidation de nos activités. Une fois cette étape de stabilisation atteinte, nous envisageons sérieusement une introduction en bourse, notamment sur la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), afin de permettre une ouverture progressive de notre actionnariat au public.
Ce projet s'inscrit dans la vision stratégique validée par notre Conseil d'administration, qui prévoit, à terme, une diversification de l'actionnariat du groupe dans le cadre d'une gouvernance élargie et transparente. Cette évolution majeure viendra renforcer la solidité institutionnelle de Vista et marquera une nouvelle étape dans son développement panafricain.
Vous participez aux Assemblées annuelles d'Afreximbank cette année. Quel regard portez-vous sur l'importance de cette rencontre dans le contexte actuel de reconfiguration du commerce mondial et de renforcement de l'intégration financière africaine ?
Afreximbank s'est imposée comme un partenaire déterminant pour le développement du Groupe Vista. Grâce à leur soutien et à la solidité de leur bilan, nous avons pu intervenir sur des opérations de grande envergure, au-delà des capacités d'engagement habituelles d'une banque, notamment au Burkina Faso et en Guinée.
Il est extrêmement important pour nous d'être présents aux côtés d'Afreximbank, avec laquelle nous entretenons un partenariat stratégique de longue date. Depuis la création du Groupe Vista, Afreximbank nous a accompagnés de manière constante, en nous apportant son soutien à travers des lignes de financement du commerce extérieur (Trade Finance), des lignes de factoring, des garanties, ainsi que dans le cadre de certaines de nos opérations d'acquisition dans le cadre de notre stratégie d'expansion.
Nous collaborons étroitement avec Afreximbank en tant qu'intermédiaire de financement du commerce (Trade Finance Intermediary), ce qui signifie que nous co-finançons ensemble des transactions, partageons nos portefeuilles de projets et mettons en œuvre des mécanismes de syndication ou de cofinancement dans les pays où nous opérons.
Afreximbank s'est imposée comme un partenaire déterminant pour le développement du Groupe Vista. Grâce à leur soutien et à la solidité de leur bilan, nous avons pu intervenir sur des opérations de grande envergure, au-delà des capacités d'engagement habituelles d'une banque, notamment au Burkina Faso et en Guinée.
C'est pourquoi nous tenons à être systématiquement présents à leurs côtés, que ce soit lors d'événements institutionnels majeurs comme leur Assemblée générale, ou dans le cadre de programmes de renforcement des capacités, qu'il s'agisse de formations sur la conformité (compliance) ou du développement des compétences de nos équipes. En tant que partenaire stratégique privilégié, il nous paraît essentiel de continuer à renforcer ce lien, d'échanger sur les évolutions du marché des capitaux, et de coordonner nos efforts pour soutenir les économies africaines dans lesquelles nous sommes engagés.
La Rédaction
Publié le 27/06/25 16:14
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