BEAC/Trésor français : Les intérêts générés par les avoirs du compte d’opération bondissent de 244%

Les avoirs en devises de la Banque des États de l'Afrique centrale (BEAC) logés au Trésor français ont généré des intérêts de 42,915 milliards de FCFA (65,5 millions d'euros) en 2022, ce qui représente une forte hausse de 244% comparé aux gains dégagés au terme de l'année 2021 (12,4 milliards de FCFA). Les données de la BEAC consultées par Sika Finances attribuent cette performance à une nette amélioration du taux de centralisation des réserves de change en lien avec la hausse consolidée des taux directeurs de la Banque Centrale Européenne (BCE). 

Ce qu'il faut savoir, c'est que la convention du compte d'opération oblige la Banque centrale des pays de la zone Cemac (Cameroun, Gabon, Congo, Guinée Équatoriale, Tchad, Centrafrique) à déposer 50% de leurs avoirs extérieurs dans un compte logé au Trésor français. Ce dépôt sert de garantie à la convertibilité illimitée du FCFA vers l'euro et vice versa, ainsi qu'à un régime de parité fixe entre les deux monnaies. Cette obligation ne concerne plus la zone UEMOA dont la banque centrale (BCEAO) ne dispose plus de compte d'opération depuis janvier 2020. Pour la BEAC, ce placement est rémunéré aux taux plancher de 0,75% lorsque le taux de facilité de prêt marginal de la BCE est inférieur à 0,75% et de 1% lorsque ce taux est supérieur ou égal à 0,75%. 

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En 2022, à partir de juillet, la BCE a relevé à 4 reprises ses taux directeurs pour tenter d'étouffer l'inflation qui a atteint des niveaux jamais enregistrés depuis l'existence de la zone euro (10,1% en novembre 2022). Une décision qui a largement profité à la BEAC puisqu'elle a permis de porter à 1,18% le taux de rémunération du compte d'opérations au 3ème trimestre puis à 2,43% le trimestre suivant. En 2023, le profit pourrait se consolider car la BCE vient à nouveau de donner un tour de vis à sa politique monétaire. S'agissant des avoirs en devises gérés hors compte d'opérations, la BEAC indique qu'elles sont ressorties à plus de 7 000 milliards de FCFA à fin 2022 sans donner plus de détail. 

L'explosion des gains sur ces avoirs logés au compte d'opération intervient au moment où les pays de la CEMAC réfléchissent à réformer leur coopération monétaire avec la France. La BEAC a, d'ailleurs, proposé aux chefs d'États le 17 mars dernier un plan de réforme monétaire comprenant la clôture du compte d'opérations, le rapatriement des réserves de change au siège de la Banque Centrale, la migration vers un régime de change flexible avec un panier de devises, le retrait progressif des représentants français au sein de son conseil d'Administration et le changement du nom de la monnaie. 

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Fernand Ghokeng

La Rédaction

Publié le 22/03/23 09:31