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Le gouvernement camerounais a racheté la totalité des parts (58,08 %) détenues par le groupe français Société Générale dans sa filiale locale, Société Générale Cameroun (SGC). Cette acquisition, finalisée par un accord signé ce 15 juillet 2025 à Douala, porte la participation de l'État à 83,68 %, contre 25,6 % auparavant.
L'opération a été réalisée " sur Très Hautes Instructions du Président de la République ", précise le communiqué officiel signé par le ministre des Finances, Louis Paul Motaze. Elle découle du retrait du groupe français de plusieurs marchés africains, dont le Cameroun, et s'inscrit dans une logique de renforcement de la souveraineté financière du pays. Le gouvernement a exercé, à cet effet, le droit de préemption prévu à l'article 10.2 des statuts de la banque.
Voir aussi - Cameroun : L'Etat conclut un accord pour le rachat de Société Générale
Si l'objectif affiché est de garantir la continuité des activités de cette institution majeure du secteur bancaire local, l'État n'écarte pas la possibilité d'ouvrir, à terme, le capital à des " partenaires stratégiques nationaux et/ou internationaux ". Le ministre des Finances le souligne dans son communiqué. " Le Ministre des Finances rassure l'ensemble des parties prenantes que l'Etat entend préserver dans la durée, la bonne gouvernance, la transparence et la performance de la banque, tout en envisageant à terme l'ouverture du capital à d'autres partenaires stratégiques nationaux et/ou internationaux "
Cette stratégie n'est pas inédite. Elle rappelle le précédent dossier de Commercial Bank Cameroon (CBC), dont l'État avait pris le contrôle en 2009 pour la sauver de la faillite, avant de lancer en 2024 un processus de cession partielle. Le plan de désengagement de CBC, tel que présenté par le directeur général du Trésor, Moh Sylvester Tangongho, prévoit en effet de céder 51 % des actions à un investisseur stratégique, 30 % à la Bourse des Valeurs Mobilières de l'Afrique Centrale (BVMAC) et de conserver 17 % dans le portefeuille public.
La persécutive d'une éventuelle ouverture de l'actionnariat de la banque remet donc en jeu des institutions financières telles que Coris Bank qui s'était positionnée pour acquérir la filiale camerounaise de Société générale. Des discussions avaient été entamées avec le groupe français, comme le rapportaient alors La Lettre et Jeune Afrique. Mais l'exercice du droit de préemption par le Cameroun en janvier 2025 a mis fin à cette ambition.
Si l'État concrétise son intention de céder ultérieurement une part du capital, Coris Bank pourrait logiquement revenir dans la course, aux côtés d'autres acteurs régionaux ou internationaux, tel que le groupe Nsia, désireux de s'implanter sur un marché à fort potentiel. Le ministre n'a toutefois pas précisé de calendrier pour cette ouverture ni la part du capital concernée.
L'accord signé à Douala marque l'aboutissement de plusieurs mois de négociations. Il reste toutefois conditionné à l'aval des autorités de régulation, notamment la Commission bancaire de l'Afrique centrale (COBAC). Une fois les validations obtenues, l'État camerounais assumera la pleine responsabilité de la banque, ses portefeuilles clients, son personnel et ses activités.
Du point de vue du groupe Société Générale, cette cession devrait générer un gain de six points de base sur son ratio de fonds propres CET1 à la clôture de l'exercice.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 15/07/25 14:30
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