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La Société sucrière du Cameroun (Sosucam), filiale du groupe français Somdia, traverse une période difficile. L'agro-industrie, devrait afficher un déficit abyssal de 22 milliards FCFA, selon une information dévoilée le 19 février par son directeur général adjoint (DGA), Jean-François Ntsama Etoundi.
Les difficultés de la Sosucam ne datent pas d'hier. En 2023, l'entreprise avait déjà enregistré des pertes de 15 milliards de FCFA. Pour expliquer cette dégradation financière, l'entreprise évoquait l'augmentation du coût des intrants, des ventes en dessous des prévisions et une production inférieure aux attentes. A titre d'illustration, la Sosucam tablait sur une production de 90 000 tonnes de sucre en 2024, mais n'a finalement produit que 70 000 tonnes, selon les estimations du DGA.
Voir aussi - Cameroun : La grève des coupeurs de canne coûte 5 milliards FCFA à la Sosucam
La grève qui a tout aggravé
Début 2025, la situation s'est encore détériorée avec une grève des coupeurs de canne à sucre, déclenchée entre le 26 janvier et le 8 février. Ce mouvement social, né d'une revendication salariale et d'un retard dans le paiement des acomptes mensuels, a rapidement dégénéré. Des barricades ont été érigées à Mbandjock et Nkoteng, deux villes de la région du Centre ou sont implantées les usines de Sosucam, paralysant les activités de l'entreprise. Le 31 janvier, la situation a basculé dans la violence, avec des affrontements et des actes de sabotage, dont l'incendie de près de 970 hectares de plantations. Environ 50 000 tonnes de cannes à sucre, dont 5 000 à 6 000 tonnes de cannes premium destinées à l'industrie brassicole, ont été réduites en cendres.
Selon Jean-François Ntsama Etoundi, cette grève a entraîné 13 jours d'arrêt de production, empêchant les employés de travailler et causant des pertes sèches estimées à plus de 5 milliards FCFA. De plus, au moins 250 ouvriers ont déserté leurs postes depuis la fin du mouvement. Pour pallier ce manque de main-d'œuvre, la Sosucam a lancé une campagne de recrutement de 600 ouvriers agricoles.
Face à l'ampleur de la crise, la direction de la Sosucam a multiplié les concertations avec les représentants des travailleurs et les autorités locales. Plusieurs concessions ont été faites pour apaiser les tensions : une revalorisation de la prime mensuelle de salissure (passée de 600 à 750 FCFA pour les manœuvres et de 3 000 à 3 500 FCFA pour les agents d'exécution saisonniers), une augmentation du salaire de base des coupeurs de canne (de 56 000 à 57 000 FCFA) et un retour aux dates traditionnelles de paiement des salaires (le 5 et le 20 du mois). Cependant, la direction a fermement rejeté la demande d'un salaire de base à 105 000 FCFA, arguant que les primes fixes et variables permettent déjà d'atteindre ce montant pour les travailleurs les plus assidus.
Malgré ces mesures, les perspectives pour 2025 restent moroses. La production actuelle tourne autour de 500 à 650 tonnes de sucre par jour, avec un objectif de 700 tonnes au courant de ce mois. La direction se veut rassurante, affirmant que les stocks disponibles (30 000 tonnes de sucre) permettront de répondre à la demande locale, notamment pendant le Ramadan, période de forte consommation. "À ce jour, il n'y a aucun risque de pénurie", a déclaré Jean-François Ntsama Etoundi.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 05/03/25 18:20
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