Cameroun/GAFI : ''Où est le problème?'', s'agace le ministre des Finances face aux lenteurs dans les réformes

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Ce mercredi, à l'ouverture de la première session ordinaire 2025 du Comité de coordination des politiques nationales de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, le ministre camerounais des Finances a lancé une sévère mise en garde. Face à des retards jugés " inacceptables " dans l'exécution du plan d'action convenu avec le Groupe d'action financière (GAFI), l'argentier national a rappelé à l'ordre les administrations concernées et leur signifiant " qu'aucune excuse ne sera désormais acceptée ". 

Le Cameroun figure depuis le 23 juin 2023 sur la liste grise du GAFI, organe intergouvernemental de référence dans la lutte contre les flux financiers illicites. Cette inscription est consécutive à de " graves lacunes " constatées dans l'arsenal national contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. En un an, seuls 8 des 24 engagements pris par Yaoundé ont été " largement remplis ", selon le dernier rapport de suivi, soit un taux de réalisation de moins de 40 %. L'échéance de sortie de la liste grise, fixée à septembre 2025, apparaît désormais menacée. 

"Où est le problème ?"

Dans son discours, le ministre Louis Paul Motaze n'a pas caché son exaspération. " Où est le problème ? Pourquoi tant de lenteurs alors que nous avons défini ce plan nous-mêmes ? " s'est-il interrogé, pointant du doigt ce qu'il considère comme de la " négligence " et de la " réticence " chez certains acteurs institutionnels. 

Les conséquences d'un maintien sur cette liste ne sont pas que symboliques. Comme le soulignait récemment un ancien responsable du Groupe d'action contre le blanchiment d'argent en Afrique centrale (GABAC), Désiré Geoffroy Mbock, l'économie camerounaise est directement exposée à des risques de désengagement bancaire international. Le pays pourrait basculer dans la " liste noire " du GAFI, une catégorie réservée aux juridictions considérées comme à haut risque, ce qui entraînerait une stigmatisation financière sévère et des restrictions sur les opérations transfrontalières. 

Le ministre a rappelé les efforts déjà entrepris au plus haut niveau de l'État, notamment la création par décret présidentiel dudit comité de coordination en octobre 2023. Il a également mentionné les audiences accordées par le Premier ministre au secrétaire permanent du GABAC, ainsi que la mise sur pied d'un comité interministériel de suivi doté de moyens renforcés. 

Malgré cette mobilisation politique, la mise en œuvre sur le terrain reste poussive. Le ministre exhorte désormais les administrations à un " examen minutieux " de la matrice des actions restantes, en amont du cinquième rapport de suivi que le Cameroun doit soumettre au GAFI d'ici le 6 juillet 2025.

En toile de fond, les facteurs ayant pesé dans la décision du GAFI restent d'actualité. L'organisation cite notamment la vulnérabilité du pays aux circuits de blanchiment alimentés par la corruption, les fraudes douanières et fiscales, le trafic d'espèces protégées, ainsi que les flux de financement en direction de groupes séparatistes actifs dans les régions anglophones. Plusieurs membres de la diaspora camerounaise ont d'ailleurs été récemment condamnés aux États-Unis pour financement du terrorisme. 

Pour Yaoundé, l'enjeu dépasse le seul respect de normes internationales. Il s'agit aussi de préserver sa réputation financière et d'éviter un isolement bancaire qui serait lourd de conséquences dans un contexte économique déjà marqué par la pression sur les finances publiques et la recherche accrue de financements extérieurs. En clôturant son allocution, le ministre a averti : " L'heure n'est plus aux discours, mais à l'action. Une action concrète, des mesures urgentes ".

Perton Biyiha

La Rédaction

Publié le 25/06/25 13:18

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