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La décision portant interdiction des exportations de bois en grume par les six pays de la CEMAC (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée équatoriale) ne sera pas appliquée à partir du 1er janvier 2023.
Réunis en conseil le 28 octobre dernier à Yaoundé, les ministres des affaires économiques de chaque pays ont opté pour un report sine die de cette mesure adoptée en 2020 pour inciter la transformation locale du bois à l'échelle industrielle.
La raison de ce report se situe au niveau du manque à gagner que les États seront appelés à supporter. "Il y'a un coût fiscal énorme ; les ministres ont estimé qu'il fallait un peu de temps compte tenu de la conjoncture économique actuelle. Pour le Cameroun, par exemple, cette mesure entraîne un manque à gagner de 80 milliards FCFA (pour environ 2,4 millions de M3 exportés annuellement, ndlr). Il faut nécessairement des mesures d'accompagnement", a expliqué Daniel Ona Ondo, le président en exercice de la commission de la CEMAC. Les recettes générées par l'exportation des bois en grumes concernent la taxe d'abattage, le droit de sortie sur les grumes, la taxe d'inspection.
C'est la 2ème fois que les instances de la CEMAC reportent cette mesure. Initialement annoncée pour démarrer le 1er janvier 2022, elle avait été différée d'un an pour donner le temps aux États de maturer les projets d'investissements dans la transformation du bois. Dans chaque pays, il avait été identifié deux zones économiques spéciales pour l'installation des industries devant capter la production non exportée.
Aucune date n'a été avancée pour la prochaine échéance même si les institutions communautaires semblent conscientes de l'intérêt qu'il y'a à franchir le pas. "Nous avons intérêt à transformer nos produits avant de les envoyer à l'extérieur parce qu'ils vont nous revenir avec plus de valeur ajoutée. Mais nous allons réexaminer ce texte au regard des implications sur les économies", a expliqué Daniel Ona Ondo.
Le modèle réussi du Gabon
En zone CEMAC, le Gabon a pris le pas sur ses voisins depuis 2010 en interdisant l'exportation de bois sous forme de grume de son territoire, ce qui a entraîné un boom de la transformation industrielle à l'échelle locale. La production annuelle estimée en 2021 à 3,7 millions de M3 est principalement captée par les usines de transformations locales en tête desquels ceux de la GSEZ. Grâce à l'exportation des produits finis et semis finis à forte valeur ajoutée, le bois est devenu la deuxième source des richesses du pays avec une contribution au produit intérieur brut (PIB) d'environ 6%.
Libreville fait office d'exemple pour les 5 autres pays qui affichent encore de la réticence. Afin de mitiger l'impact que la suspension des exportations produirait, la commission de la CEMAC recommande aux 5 autres États de s'inspirer du modèle gabonais en mettant en place une batterie de mesures incitatives pour encourager la transformation locale du bois et attirer les investisseurs étrangers dans le secteur. Il leur a notamment été suggéré la suspension pour une durée de 3 à 5 ans des tarifs douaniers pour les intrants et les biens d'équipements nécessaires à la transformation de cette matière première.
Fernand Ghokeng
La Rédaction
Publié le 01/11/22 14:42
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