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Bonne nouvelle pour l'économie de la sous-région ouest-africaine. Après huit trimestres consécutifs de pertes, l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) a enregistré un gain de compétitivité au 1er trimestre 2025. Ce retournement marque une embellie pour les pays de la zone, qui peinaient à rester attractifs par rapport à leurs partenaires.
Mais que signifie exactement ce ‘'gain de compétitivité'', et pourquoi est-il important ? Décryptage
Le taux de change effectif réel (TCER), un indicateur-clé
Le TCER est un indicateur utilisé par les économistes pour évaluer si une monnaie rend les produits d'un pays plus ou moins chers à l'exportation, par rapport à ceux des pays concurrents.
Concrètement, quand le TCER baisse, cela signifie que les produits de l'UEMOA deviennent plus abordables pour les acheteurs étrangers, donc plus compétitifs. Inversement, une hausse du TCER rend les exportations de la région plus chères, et donc moins attrayantes.
Au 1er trimestre 2025, cet indicateur a baissé de 1,3%, signe que l'Union regagne en compétitivité-prix. C'est une bouffée d'oxygène après deux années de pertes continues, où le TCER n'a cessé d'augmenter.
L'inflation, l'allié inattendu de la compétitivité
Ce regain de compétitivité est principalement lié à un différentiel d'inflation favorable. En d'autres termes, les prix ont moins augmenté dans l'UEMOA que chez ses partenaires commerciaux.
L'inflation dans l'Union s'est en effet limitée à 2,3% sur la période sous revue, alors que dans des pays voisins comme le Nigéria (24%) ou le Ghana (23%), les prix ont flambé.
Ce qui signifie que, toutes choses égales par ailleurs, les produits de l'UEMOA sont devenus relativement moins chers, renforçant leur attractivité.
Le franc CFA plus fort… mais pas trop
L'autre facteur en jeu est le taux de change effectif nominal, c'est-à-dire la valeur du franc CFA comparée aux monnaies étrangères.
Sur le premier trimestre 2025, le franc CFA s'est apprécié face à des devises comme le cédi ghanéen (+20,9%), le naira nigérian (+13%) ou la livre turque (+13,6%).
L'appréciation de la monnaie sous-régionale présente un effet ambivalent. Elle facilite les importations en rendant les achats à l'étranger moins coûteux, mais peut également pénaliser la compétitivité des exportations en les renchérissant. Cet impact négatif est toutefois resté limité, l'avantage d'une inflation plus faible ayant largement compensé cet effet.
Une compétitivité jugée ‘'normale'' par le FMI
Le Fonds monétaire international (FMI) suit de près ces évolutions à travers un indicateur appelé le TCER-Gap, qui mesure l'écart entre la valeur actuelle du TCER et celle qui serait ‘'normale'' selon les fondamentaux économiques.
Et en ce début d'année, le TCER-Gap de l'Union est évalué à -4,6%, soit dans la fourchette jugée acceptable par l'institution financière (entre -5% et +5%). Ce qui veut dire que le niveau de compétitivité atteint est sain et justifié, et ne relève pas d'un déséquilibre économique artificiel.
Dr Ange Ponou
Publié le 17/06/25 15:44
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