Côte d’Ivoire : Le cacao comme instrument de rétorsion contre la politique tarifaire des Etats-Unis ?

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Le gouvernement ivoirien envisage de recourir au cacao comme instrument de rétorsion commerciale face à la récente décision américaine de relever les droits de douane sur ses produits agricoles. C'est ce qu'a laissé entendre le ministre de l'Agriculture, Kobenan Kouassi Adjoumani, dans une déclaration à la presse locale le jeudi 10 avril, relayée par Reuters.

Selon le ministre, la Côte d'Ivoire pourrait réagir en renchérissant le prix du cacao à l'exportation, en particulier à destination des États-Unis. " Lorsque vous taxez notre produit que nous exportons vers votre pays, nous augmentons le prix du cacao, et cela se répercute sur le prix au consommateur ", a-t-il affirmé. Le levier envisagé porterait notamment sur les taxes à l'exportation, instrument que le pays pourrait ajuster en guise de contre-mesure.

La déclaration intervient dans un contexte de tensions commerciales croissantes entre Washington et plusieurs pays africains. La semaine dernière, l'administration américaine, dans le cadre de sa politique protectionniste pilotée par l'équipe de Donald Trump, a relevé de 21 % les droits de douane sur certains produits ivoiriens, soit l'un des taux les plus élevés appliqués au continent. À titre de comparaison, le Nigeria, pourtant première économie africaine, n'a vu ses exportations affectées que par une hausse de 14 %.

À l'origine de cette décision figure l'excédent commercial de la Côte d'Ivoire vis-à-vis des États-Unis, notamment alimenté par l'exportation de matières premières agricoles, principalement le cacao et le caoutchouc naturel. Si le pays a pour l'heure évité une réaction officielle formelle, la sortie du ministre pourrait signaler une évolution de la posture ivoirienne à l'approche d'éventuelles négociations.

La menace brandie par Abidjan intervient toutefois dans un contexte ambivalent. En effet, le président Donald Trump a annoncé la suspension de toutes les hausses tarifaires pendant 90 jours, à l'exception de celles visant la Chine. Cette trêve, interprétée comme un geste d'ouverture à la négociation, soulève des questions sur le timing de la réaction ivoirienne, qui pourrait paraître prématurée ou stratégique, selon l'interprétation.

Le cacao demeure un pilier central de l'économie ivoirienne, représentant une part majeure des recettes d'exportation. Selon les données officielles consultées par Sika Finance, les exportations de cacao et produits dérivés vers les États-Unis ont généré 363,5 milliards FCFA en 2023, soit environ 632 millions de dollars. Ce chiffre inclut 122 000 tonnes de fèves brutes et 90 700 tonnes de produits transformés. Dans ce contexte, toute perturbation commerciale avec les États-Unis pourrait avoir un impact sensible sur les équilibres de la filière, qui cherche par ailleurs à monter en gamme via la transformation locale.

Jean Mermoz Konandi

Publié le 11/04/25 09:58

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