Côte d’Ivoire : La Direction Générale des Financements, un outil stratégique dédié à la dette

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La Côte d'Ivoire vient récolter des lauriers pour la gouvernance de sa dette. Coup sur coup, le pays s'est vu décerner ces dernières semaines, le Prix du Meilleur Gestionnaire de Dette Souveraine au monde, et, a réussi à boucler une opération inédite en Afrique subsaharienne d'échange de dette avec la Banque mondiale, qui a permis d'améliorer non seulement le profil de sa dette, mais aussi de réaliser des économies qui seront investies dans son secteur éducatif. A la manœuvre de ces opérations, la Direction Générale des Financements, une entité mise en place il y a un peu plus d'un an, exclusivement dédiés à la gestion de sa dette, et dont les animateurs ont fait leurs classes à Harvard, Actis ou encore Credit Suisse. 

La Côte d'Ivoire a opéré un tournant décisif en matière de gestion financière en créant, il y a un peu plus d'un an, la Direction Générale des Financements (DGF). Cette structure, entièrement dédiée aux levées de fonds sur les marchés financiers et à la gestion de la dette publique, incarne une nouvelle vision stratégique, fondée sur une expertise pointue et des pratiques alignées sur les standards internationaux.

Voir aussi - Côte d'Ivoire : La Direction Générale des Financements remporte le prix du Meilleur Gestionnaire de Dette Souveraine au monde

Plutôt que de confier cette mission à des fonctionnaires traditionnels, l'État a fait le choix audacieux de recruter des professionnels chevronnés issus de la finance internationale. À la tête de cette nouvelle entité Lanciné Diaby, un expert chevronné, sélectionné par un processus innovant pour l'administration ivoirienne : un appel à candidatures. Diplômé de la prestigieuse Harvard Business School, où il a obtenu un MBA, Lanciné Diaby apporte à la DGF une expérience de plus de vingt ans acquis dans des institutions de premier plan. 

Il a notamment occupé des postes de responsabilité à la Banque Africaine de Développement (BAD), chez le gestionnaire d'actifs britannique Actis, ainsi qu'au sein de Capital Group, un des leaders mondiaux de la gestion d'actifs, qui gérait 1 500 milliards de dollars en 2017. Chez Capital Group, il exerçait en tant que senior manager, responsable des investissements en Afrique. 

Voir aussi - La Banque mondiale accompagne la Côte d'Ivoire dans un échange de dettes de 400 millions d'euros

Avant sa nomination, Lanciné Diaby dirigeait Diabs Invest, une société de conseil financier qu'il a fondée et qui opère entre Genève et Abidjan. Spécialisée dans l'accompagnement d'une clientèle institutionnelle – caisses de retraite, banques commerciales, caisses de dépôts et family offices –, Diabs Invest a joué un rôle clé dans plusieurs opérations stratégiques. L'une d'elles fut le rachat, par quatre institutions ivoiriennes (CNPS, CGRAE, BNI et CDC-CI), de la BICICI, filiale locale de BNP Paribas, en 2022. 

Un diplômé de Harvard peut en cacher un autre. Preuve de la place stratégique de direction générale des financements, le gouvernement a adjoint à Lanciné Diaby, Doneci Koné également formé dans la très réputée université américaine afin de l'épauler. Nommé directeur générale adjoint lors du conseil des ministres du 12 juin, il occupait les fonctions de conseiller financier au sein du cabinet du président Alassane Ouattara. Il a fait ses classes entres les Etats-Unis et l'Angleterre, chez Ernst & Young, Crédit Suisse, ensuite chez la banque d'investissement Evercore, à Soros Fund Management, puis successivement chez les capital-investisseurs britannique et américain DPI ou BC Partners. 

Jules Coulibaly complète ce pool d'experts. Également nommé directeur général adjoint de la DGF, cet administrateur des services financiers a dirigé depuis près de 8 ans la direction de la dette publique et des Dons, logée au sein du trésor ivoirien.

L'un des premiers grands faits d'arme de la DGF a été le retour plébiscité de la Côte d'Ivoire sur le marché international de la dette avec une levée, le 23 janvier dernier, de 2,6 milliards de dollars (plus de 1 500 milliards FCFA) en deux tranches (9 ans et 13 ans) à un ‘'taux moyen de 6,61%''. Cette opération, qui intègre une couverture de change Dollar-Euro, a été dédiée ‘'très majoritairement'' au rachat et au refinancement d'eurobonds existants et ainsi que de prêts bancaires internationaux, avait indiqué alors les autorités.  

L'opération réalisée alors que la Côte d'Ivoire mène un important programme de 3,5 milliards de dollars avec le FMI dont l'objectif est de renforcer la gestion et la résilience des comptes publics, devrait permettre notamment de contenir le taux d'endettement. Un niveau qui devrait rester stable, à moins de 60% du PIB, le taux devant atteindre un pic de 57,7% en 2024 avant de replier à 56,9% en 2025 d'après les projections de l'institution de Bretton Woods. 

Sous la direction de Lanciné Diaby, la DGF incarne une ambition renouvelée pour la Côte d'Ivoire : optimiser la gestion de la dette souveraine tout en renforçant la crédibilité du pays auprès des investisseurs internationaux. Ce modèle, basé sur une expertise internationale et une vision stratégique, pourrait bien s'imposer comme une référence en Afrique subsaharienne pour la gestion publique et le financement innovant.

Jean Mermoz Konandi

Publié le 13/12/24 10:26

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