La Côte d'Ivoire, premier producteur mondial de cacao, aborde la campagne 2025-2026 sous le signe d'un recul marqué de sa production, confirmant les tensions structurelles qui pèsent désormais sur l'ensemble de la filière. Selon des sources au sein du Conseil du Café-Cacao (CCC), citées par Reuters, le pays avait vendu par anticipation 1,3 million de tonnes de contrats pour la récolte principale d'octobre 2025 à mars 2026, contre 1,4 million de tonnes un an plus tôt, se voulant prudente pour éviter tout défaut de livraison. Une crainte qui devrait finalement se concrétiser avec la baisse attendue de la production.
Les premières estimations, relayées par l'agence de presse, font état en effet d'un repli de près de 30 % des arrivées entre janvier et mars 2026 dans les ports d'Abidjan et de San Pedro, conséquence d'un cocktail bien connu : manque d'investissements, vieillissement du verger, maladies virales persistantes et un climat toujours défavorable. Malgré cette contraction annoncée, le CCC assure qu'aucun défaut de livraison n'est anticipé pour la campagne principale, grâce à une récolte précoce et pour l'instant conforme aux prévisions.
" Nous sommes plutôt satisfaits du début de la saison, et les arrivées actuelles sont conformes à nos prévisions. La récolte est précoce, avec des volumes importants, mais cela va forcément baisser entre janvier et mars 2026 ", a déclaré un responsable du CCC à Reuters.
Mais au-delà de la récolte principale, c'est la récolte intermédiaire, qui dure d'avril à septembre quasiment, qui cristallise l'inquiétude. Des données préliminaires, toujours selon le confrère, évoquent une chute de 25 à 30 %, susceptible de s'aggraver avec le harmattan, période sèche propice au stress hydrique.
Sur le front de la contrebande, les flux se sont inversés en 2024 : la Côte d'Ivoire attire désormais davantage de cacao en provenance de Guinée et du Liberia, encouragée par des prix plus avantageux. Un phénomène jugé toutefois marginal.
Face à ces signaux de resserrement de l'offre, le CCC prévoit un renforcement des contrôles de stocks, une limitation temporaire des achats des exportateurs, ainsi qu'une vente intégrale de la récolte intermédiaire sur le marché au comptant, afin de soutenir les broyeurs locaux et stabiliser les cours. Une stratégie défensive dans un contexte où chaque tonne comptera pour préserver l'équilibre du marché.
Jean Mermoz Konandi
Publié le 21/11/25 12:10