Fitch reconduit la note CCC+ du Congo malgré des efforts du gouvernement

Fitch Ratings a décidé de maintenir à "CCC+" la note de crédit en devises et à long terme du Congo, au terme d'une évaluation dont le communiqué a été rendu public ce 4 mars. L'agence de notation américaine justifie cette opinion par une conjugaison de facteurs notamment “une dette publique élevée”, un important stock d'arriérés intérieurs, des problèmes de gestion de trésorerie et “une forte dépendance au pétrole”. L'agence évoque aussi deux incidents de défauts sur les euro-obligations du Congo entre 2016 et 2017.

Pourtant, le Congo semble avoir fait des efforts pour lisser son profil émetteur. D'abord parce que les échéances manqués sur ses euro-obligations d'il y a 8 et 9 ans évoqués par l'agence ont été entièrement réglées. Ensuite, dans le cadre de son programme avec le FMI, le pays a initié des réformes en matière de gestion des finances publiques ; lesquelles portent déjà leurs fruits. La dette extérieure est passée de 7,1 milliards USD en 2021 à 5,8 milliards USD à fin 2023 et le ratio dette/PIB devrait s'établir à 91% en 2025 contre 116,05% en 2021. Ce taux reste au-dessus du seuil de viabilité de 70%, mais pourrait davantage évoluer à la baisse à la faveur d'une croissance plus rapide de l'économie.

Fitch estime que taux de croissance du PIB congolais s'établira en moyenne à 2,5 % entre 2024 et 2025 (contre 1,7 % en 2022) soutenu par des investissements dans le secteur extractif. En dehors de la production pétrolière qui va augmenter de 6,4 % entre 2023 et 2025, le Congo va également tirer profit de l'exploitation gazière qui a récemment démarré avec le concours de l'Italien ENI. Des ressources additionnelles qui, combinées à d'autres facteurs permettront de réduire les tensions sur les finances publiques.

"Fitch s'attend à ce que les amortissements extérieurs du Congo diminuent à 4,7 % et 4,2 % du PIB en 2024 et 2025, respectivement, contre 6,5 % en 2022. Nous prévoyons que ces amortissements seront satisfaits grâce à une combinaison d'excédents de trésorerie, de dépôts dans des comptes séquestres associés avec les créanciers chinois et les décaissements extérieurs associés au programme du FMI", écrit l'agence américaine de notation.

Parmi les autres efforts du gouvernement, on note une augmentation de 30% des prix du carburant pour réduire l'enveloppe des subventions. Mais le principal défi reste celui de l'apurement des arriérés intérieurs estimés à fin 2022 à 1 044,88 milliards FCFA dont 678,45 milliards FCFA de dette commerciale et 366,43 milliards FCFA de dette sociale. Brazzaville prévoit à cet effet, titriser la plupart de ses créances, reprofiler sa dette fournisseur et réduire sa dépendance accrue à l'égard d'un marché intérieur aux financements coûteux.

Fitch a indiqué qu'une nette réduction de ces arriérés pourrait conduire à une amélioration de la note du pays.

Cédrick Jiongo

La Rédaction

Publié le 04/03/24 17:25