Le gouvernement vient de donner son feu vert au déploiement national d'un système de paiement électronique par QR code, conçu par le Groupement interbancaire monétique de l'Afrique centrale (GIMAC). L'objectif est d'équiper les commerces, marchés populaires et services publics d'un outil unique, interopérable, accessible à toutes les couches de la population, indépendamment de leur banque ou opérateur mobile.
Ce virage technologique s'inscrit dans la feuille de route numérique du pays à l'horizon 2025. Le ministre de l'Économie numérique, Mark Alexandre Doumba, qui a conduit les échanges avec les représentants du GIMAC le 10 juin à Libreville, en résume l'ambition. " L'idée est de doter chaque commerce au Gabon d'un QR code qui, à la manière d'un terminal de paiement, permet d'accepter les paiements électroniques, quel que soit l'établissement financier utilisé par le client. "
Ce code QR dit "interopérable" permet en effet à n'importe quel client – qu'il utilise un compte bancaire classique, un portefeuille mobile money ou une application d'une institution de microfinance – de régler instantanément ses achats par simple scan. Le dispositif constitue ainsi une solution de paiement unifiée, au cœur d'un écosystème régional déjà en pleine mutation.
À travers cette réforme, le Gabon entend accélérer la formalisation des activités commerciales, renforcer la traçabilité des flux financiers et améliorer le recouvrement fiscal. En éliminant les barrières techniques et institutionnelles entre les différents acteurs de la finance, le QR code de la Gimac ouvre la voie à une économie plus fluide et plus transparente.
" Plus les commerçants adoptent ce mode de paiement, plus ils améliorent leur traçabilité, ce qui facilite ensuite leur accès au crédit ", souligne Mark Alexandre Doumba. Cette dynamique répond aux objectifs de développement d'une société sans espèces ("cashless society"), chère à la Banque des États de l'Afrique centrale (BEAC) et portée par le Gimac dans toute la sous-région CEMAC.
Pour Landry Ghislain Evina Ndaleu, chef du département Réseaux et Marchés du Gimac, ce projet est emblématique de la mission de son institution. " Lorsque l'un de nos États membres prend l'initiative d'outiller les commerçants avec des QR codes, nous mettons notre expertise, notre plateforme et notre écosystème au service de cette transformation. "
Lancé en 2020, GIMACPAY est la plateforme d'interopérabilité numérique du Gimac. Elle connecte aujourd'hui 42 millions de comptes mobiles à travers la CEMAC, permet des transactions transfrontalières, et a intégré 96 participants, allant des banques traditionnelles aux opérateurs de mobile money.
En complément des systèmes traditionnels de paiement gérés par la BEAC – comme le SYSTAC pour les virements, le SYGMA pour les gros montants, ou encore le RBTR – GIMACPAY propose une interface simple, instantanée et à faible coût. Son QR code, baptisé GPAY, constitue une extension de cette plateforme. Il rend possible des transactions électroniques sécurisées, en temps réel, via téléphone mobile.
Cette solution s'inscrit dans une vision régionale appuyée par des partenaires internationaux comme UnionPay International, ou encore AfricaNenda, une organisation de l'Union africaine dédiée aux paiements inclusifs. Le Groupement interbancaire monétique de l'Afrique centrale (Gimac) a été créé en juin 2012 à Douala, au Cameroun, à la suite de la fusion de l'Office Monétique de l'Afrique centrale (OMAC) et la Société monétique de l'Afrique centrale (SMAC). Détenu à 99,2 % par la BEAC, le Gimac pilote l'ensemble du système monétique interbancaire de la zone CEMAC, qui regroupe le Cameroun, le Gabon, le Congo, la République centrafricaine, la Guinée équatoriale et le Tchad.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 17/06/25 13:05