Gabon : Henri-Claude Oyima engage la restructuration du FGIS, le fonds souverain au bord du naufrage

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Le Fonds gabonais d'investissements stratégiques (FGIS) traverse une zone de forte turbulence. Confronté à près de 27 milliards FCFA d'engagements bancaires, dont 12 milliards exigibles d'ici la fin de l'année, l'institution se trouve au bord du déséquilibre financier. Les difficultés de liquidité s'accumulent, sur fond de gouvernance fragilisée et de perte d'autonomie. Le risque d'un défaut de paiement n'est plus écarté, illustrant l'état de vulnérabilité d'un fonds souverain jadis présenté comme le moteur de la diversification économique du pays.

Face à cette situation critique, le ministre de l'Économie Henri-Claude Oyima a décidé de prendre la main. Le patron de la BGFIBank, désormais aux commandes du portefeuille économique de l'État, veut restructurer en profondeur le FGIS afin de restaurer sa viabilité et d'en faire un outil plus cohérent avec la stratégie financière nationale. Il a ainsi ordonné que les dividendes des filiales du fonds soient versés directement au Trésor public, et que le président du conseil d'administration, Pascal Houangni Ambouroué, soit administrateur dans l'ensemble des entités sous tutelle. Ces mesures visent à centraliser la gouvernance et à rationaliser la gestion d'un ensemble devenu lourd, fragmenté et difficile à contrôler. 

Mais au-delà de ce recentrage administratif, Henri-Claude Oyima envisage une réforme plus structurelle avec l'intégration du FGIS à la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC). Cette option, étudiée depuis plusieurs mois, permettrait de regrouper au sein d'une même entité les principaux instruments financiers de l'État, d'assurer un suivi plus rigoureux des flux et d'éviter les chevauchements de mission. L'objectif est clair : préserver la valeur des actifs du FGIS tout en assainissant sa situation comptable et en limitant les risques bancaires à court terme. 

Cette orientation soulève des interrogations sur l'avenir même du fonds souverain. Son absorption éventuelle par la CDC marquerait la fin d'un modèle censé financer le développement par l'investissement stratégique. Une restructuration qui s'apparente à un sursis pour éviter le naufrage, mais aussi à un aveu d'échec. Dix ans après sa création, le FGIS semble payer le prix d'une décennie de dérives, d'investissements mal orientés et de dépendance politique.

Idrissa Diakité 

La Rédaction

Publié le 03/11/25 14:26

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