Le commerce extérieur du Gabon a de nouveau confirmé sa dépendance à un petit groupe de partenaires. Selon la Banque mondiale, dix pays concentrent plus de 85% des exportations gabonaises en 2024, dominées par le pétrole, le manganèse et le bois. En tête, la Chine reste de loin le premier client du Gabon, absorbant à elle seule près de 44% des exportations totales, portée par sa demande énergétique et minière. Suivent l'Inde et la Malaisie, qui se sont imposées comme débouchés majeurs du manganèse et du bois scié, alors que la Corée du Sud, l'Espagne et les Pays-Bas complètent ce peloton d'acheteurs de ressources brutes.
Cette forte concentration géographique reflète un commerce tourné vers l'Asie, avec peu de diversification. La dépendance au trio pétrole-manganèse-bois, qui représente 97% des exportations totales, expose par ailleurs l'économie aux chocs de prix mondiaux. En 2024, l'excédent commercial du Gabon a atteint 36,2% du PIB, un niveau élevé mais fragile, soutenu par la bonne tenue des cours du pétrole et du manganèse. La Banque mondiale note toutefois que les perturbations logistiques, notamment les pannes ferroviaires et les routes en mauvais état, ont freiné les volumes exportés, limitant les gains potentiels.
Dans cette configuration, l'Afrique reste marginale dans le commerce extérieur gabonais. Les partenaires régionaux de la CEMAC absorbent moins de 2% des exportations, confirmant le faible ancrage du Gabon dans le marché sous-régional. Les exportations vers l'Europe se maintiennent, tirées par la demande en bois transformé et produits dérivés, mais leur part décline face à la poussée asiatique. La structure actuelle des échanges traduit ainsi un risque de dépendance commerciale.
Le Projet de Loi de Finances 2026 mise sur une diversification progressive, via l'appui à l'agriculture, aux mines et à la transformation locale du bois. Mais ces ambitions restent encore modestes face à la réalité d'une économie dont la balance commerciale repose sur trois produits et dix clients. Mais tant que la logistique intérieure et la compétitivité industrielle n'évolueront pas, le Gabon pourrait rester un exportateur de matière première soumis au tempo des marchés étrangers.
Fanuelle YAO
La Rédaction
Publié le 28/10/25 19:24