Le Gabon tourne la page de la recapitalisation de la Sogara, l'unique raffinerie du pays. Du moins pour le moment. Après des mois de négociations infructueuses pour sauver la Société gabonaise de raffinage, le gouvernement a décidé de changer de cap. Ce 15 octobre 2025, le ministre du Pétrole et du Gaz, Sosthène Nguéma Nguéma, a signé un mémorandum d'entente avec le géant chinois China Road and Bridge Corporation (CRBC) pour la construction d'une nouvelle raffinerie à Port-Gentil, la capitale économique du pays.
Longtemps envisagée, la recapitalisation de la Sogara devait permettre à l'État de réduire sa participation dans le capital et d'attirer des investisseurs privés pour moderniser la société, aujourd'hui à bout de souffle. Mais l'opération, jugée complexe et peu rentable à court terme, a finalement été abandonnée au profit d'un projet plus ambitieux qui devrait aboutir à une nouvelle unité de raffinage moderne, capable de répondre à la demande nationale et régionale à l'horizon 2030.
Le choix de CRBC n'est pas anodin. L'entreprise chinoise, déjà présente dans le pays avec la construction du pont Port-Gentil-Omboué, dispose d'un savoir-faire reconnu dans les grands travaux et les infrastructures énergétiques. Selon le protocole signé, la nouvelle raffinerie s'inscrit dans un partenariat public-privé et devrait s'accompagner de la création d'un pôle industriel pétrolier pour soutenir la transformation locale et la logistique portuaire.
Au-delà de la symbolique, ce virage marque la volonté de l'État gabonais de sécuriser l'approvisionnement national en produits raffinés et réduire la dépendance aux importations, dans un contexte où la facture énergétique pèse lourdement sur les finances publiques. Le projet devrait aussi générer plusieurs milliers d'emplois directs et indirects à Port-Gentil, tout en stimulant la chaîne de valeur locale (construction, transport, maintenance).
Aucune information n'a filtré pour l'heure, mais les prochaines étapes articulées autour de la validation des études techniques et environnementales, la définition du plan de financement et la pose de la première pierre, sont attendues courant 2026 selon des sources proches du ministère du Pétrole. Si le calendrier est respecté, cette seconde raffinerie qui devrait à terme remplacer l'actuel, pourrait transformer en profondeur le paysage énergétique gabonais et repositionner Port-Gentil comme un hub industriel stratégique en Afrique centrale.
Idrissa Diakité
La Rédaction
Publié le 15/10/25 15:54