Le président Oligui Nguema lors de son audience avec les représentants du fonds de pension Roperfund ce 27 septembre à New York.
Le séjour du président Brice Clotaire Oligui Nguema à New York, à l'occasion de la 80è session de l'Assemblée générale des Nations unies, a été marqué par l'annonce d'un projet de financement de grande envergure. Le chef de l'État s'est entretenu ce 27 septembre avec Olivier Lokolomba, représentant du fonds de pension Roperfund, autour d'un accord potentiel d'un montant de 7 000 milliards FCFA. Les discussions portent sur un appui destiné aux secteurs jugés prioritaires, notamment les infrastructures, l'énergie et les mines.
La somme évoquée impressionne par son ampleur. 7 000 milliards FCFA c'est quasiment le budget annoncé pour 2026 (7 233 milliards FCFA) et elle équivaut à près de 60% du produit intérieur brut du Gabon, estimé à environ 12 000 milliards FCFA en 2024. Elle dépasse également les besoins annuels de financement identifiés par la Banque africaine de développement (BAD), qui chiffre le déficit à environ 987 milliards FCFA par an pour la période 2024-2026. L'accord envisagé représenterait donc plus de sept années de besoins cumulés, ce qui pose la question de la capacité du pays à absorber un tel volume de ressources.
Roperfund, présenté comme un fonds de pension à vocation internationale, n'apparaît toutefois pas dans les principaux bilans d'investisseurs institutionnels déjà actifs en Afrique. L'absence d'antécédents publics documentés sur le continent incite dès lors à la prudence. Les autorités gabonaises devront s'assurer de la crédibilité de ce partenaire et de sa capacité réelle à mobiliser une telle enveloppe. Les expériences passées montrent que les annonces de financements massifs peuvent parfois se heurter à des difficultés de concrétisation, faute de garanties, de structuration adaptée ou de suivi.
Dans ce contexte, le défi principal reste la gouvernance. Le Rapport pays 2025 de la BAD rappelle que le Gabon affiche une dette publique de 73,4% du PIB en 2024 et une note souveraine dégradée à CCC, tandis que la pression fiscale demeure faible, autour de 11,9% du PIB. Avec un ratio dette/PIB pouvant atteindre les 102% d'ici 2028 selon le Fonds Monétaire International (FMI). Pour l'heure, le projet avec Roperfund ouvre une perspective ambitieuse, mais sa concrétisation dépendra de la transparence des négociations et de la capacité du Gabon à inscrire ce financement dans une trajectoire de soutenabilité et de transformation structurelle.
Idrissa DIAKITE
La Rédaction
Publié le 29/09/25 11:53