La mobilité urbaine, un casse-tête qui coûte 1 200 milliards FCFA aux Abidjanais

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Chaque jour, ce sont 4 milliards FCFA (6,1 millions d'euros) que les Abidjanais dépensent pour se déplacer, soit 1 200 milliards FCFA (1,8 milliards d'euros) par an selon la Banque mondiale en raison de l'inefficacité du système de transport. Une charge qui pèse lourdement sur les ressources des ménages les plus pauvres et qui risque de mettre en péril les efforts déployés par le pays sur le plan économiques.

La Côte d'Ivoire peut se féliciter d'avoir une économie particulièrement dynamique, avec une croissance au-dessus des 7% depuis 2012, note la Banque mondiale dans son dernier rapport sur le pays publié ce 21 février. Intitulé « Que la route soit bonne, améliorer la mobilité urbaine à Abidjan », le document révèle notamment que « le PIB réel par habitant a augmenté de 32 % » ces sept dernières années au point de prédire que Abidjan « pourrait rejoindre le groupe des pays à revenu intermédiaire d'ici une quinzaine d'années » à condition toutefois de rendre son économie « plus inclusive » et de « maîtriser son urbanisation rapide ».

Avec 50,3% de sa population vivant en milieu urbain (contre une moyenne de 39,5% en Afrique subsaharienne) la croissance ivoirienne laisse en effet laisse au bas de l'échelle sociale 10,7 millions d'Ivoiriens pauvres soit 46,3% de la population.

30% des revenus des plus pauvres consacré au transport

Pour l'institution, l'un des facteurs de cette contreperformance est à rechercher dans l'inefficacité du système de transport urbain qui grève lourdement les revenus des ménages les plus modestes particulièrement à Abidjan, la capitale économique. Le rapport montre par exemple que « le coût total du transport peut absorber jusqu'à 30 % des revenus des ménages pauvres alors qu'il ne représente que 5 % du budget des ménages les plus riches ».

Une réalité bien tenace dans une capitale où « 4 milliards de FCFA (environ 6,9 millions de dollars) sont dépensés quotidiennement » par les populations pour leurs déplacements, soit « l'équivalent de 1 200 milliards de FCFA par an (soit environ 2,4 milliards de dollars) », note le document.

La Banque mondiale impute cette situation ahurissante à une infrastructure de transport inégalement réparties et en mauvaise état, mais également à la quasi inexistence de transport public. « Moins d'un déplacement sur 10 y est effectué dans un transport public, soit environ 4 fois moins que dans une ville de même taille en Europe » souligne le rapport.

 Trois pistes de solution

 Pour corriger la situation, l'institution préconise « une vision cohérente » du projet du Grand Abidjan, un plan d'urbanisme de la ville qui vise à la doter d'infrastructures en vue de faciliter les déplacements dans les 10 à 20 prochaines années.

Egalement, la Banque mondiale propose intégrer le système de transport afin d'offrir plus d'alternatives de mobilité aux citoyens plusieurs « en renforçant le transport de masse et développant des réseaux de transport de quartier ».

Enfin, le rapport suggère l'utilisation des nouvelles technologies afin de faciliter les déplacements et « de mieux gérer les flux de personnes et de marchandises ».

Le métro, le 4ème pont et la « Y4 »

Déjà, les autorités ont mis en œuvre un début de solution. Abidjan sera doté d'un quatrième pont qui va relier la commune populaire de Yopougon à la partie sud de la ville, tout comme la ligne 1 du metro urbain va permettre à terme de traverser la ville du nord au sud. Il y a également le périphérique Y4, la grande voie de contournement qui doit permettre de relier la zone portuaire sans passer par le centre-ville.

« Le statut quo serait dangereux car non seulement l'agglomération d'Abidjan va continuer à grandir, exacerbant les problèmes de mobilité si rien n'est fait, mais il représenterait aussi une occasion manquée au moment où le pays est à la recherche de nouveaux moteurs de croissance plus inclusifs et davantage porteurs d'emplois pour une jeunesse urbaine en quête d'espoirs » a alerté Pierre Laporte, le directeurs des opération de la Banque mondiale en Côte d'Ivoire.

Jean Mermoz Konandi

Publié le 22/02/19 09:26

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