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Lors du dernier conseil des ministres, tenu le 11 juillet 2025, le président Félix Tshisekedi a fermement plaidé en faveur de la préférence nationale dans les recrutements liés aux projets d'infrastructure majeurs. Cette volonté politique vise à renforcer l'emploi local, mais aussi à endiguer la fuite des capitaux due au recours massif à des travailleurs étrangers, y compris pour des métiers de base
Le chef de l'État a rappelé que plusieurs projets structurants sont en cours ou en préparation dans le cadre du Programme National Stratégique de Développement (PNSD), l'outil de planification à long terme du gouvernement congolais. Parmi eux, l'accord minier en discussion avec les États-Unis, le développement du gisement de manganèse dans le Kongo-Central ou encore le Corridor de Lobito. Autant d'initiatives censées créer de l'emploi, mais qui, dans les faits, profitent peu à la main-d'œuvre congolaise, souvent jugée insuffisamment qualifiée.
" Même des postes en maçonnerie, peinture, conduite d'engins ou carrelage échappent encore aux Congolais ", a déploré le président. Une situation qui soulève des questions sur l'efficacité des politiques de formation professionnelle et sur l'impact économique réel des investissements directs étrangers.
Face à ce constat, le gouvernement entend changer de cap. Le président a instruit la Première ministre de confier au ministre de la Formation professionnelle et Métiers la mise en place d'une Commission interministérielle, chargée d'élaborer rapidement des mesures légales et réglementaires concrètes.Trois axes principaux sont d'ores et déjà identifiés. Il s'agit de l'obligation pour tout investisseur de construire et équiper un centre moderne de formation professionnelle dans le périmètre de son projet ; l'implication systématique du ministère de tutelle dès la phase de conception des projets ; la réservation obligatoire d'une part du budget du projet à des actions de formation technique, en lien direct avec les besoins du chantier.
Un rapport d'étape sur la méthodologie de mise en œuvre est attendu dans un délai de 15 jours, signe de la volonté du gouvernement d'agir rapidement. Cette orientation s'inscrit dans un objectif plus large de montée en compétences de la main-d'œuvre nationale, condition indispensable à l'émergence d'une classe moyenne stable et à la maîtrise des chaînes de valeur locales. Pour Kinshasa, il ne s'agit pas seulement d'occuper des emplois existants, mais aussi de préparer les Congolais à saisir les opportunités futures, dans les filières industrielles, minières, logistiques ou énergétiques.
En toile de fond, la réforme vise également à réduire la dépendance aux expatriés et à conserver davantage de richesse sur le territoire. Car le recours à une main-d'œuvre étrangère s'accompagne souvent de transferts massifs de devises, aggravant la pression sur la balance des paiements.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 15/07/25 16:19
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