La Renaissance du rail au Sénégal

Il fut un temps où le train sifflait entre Dakar et Bamako. Thiaroye, Rufisque, Guinguenéo, Kaolack, ces villes voyaient leur économie se développer grâce à l'affluence dans les gares et le transport de marchandises. Ce qui constituait un grand avantage sur l'axe Dakar-Bamako.

Au fil des années, le train " a déraillé ". Au début des années 70, à la suite d'une multitude de grèves des cheminots et de la vétusté des installations, le système ferroviaire sénégalais a enclenché sa descente aux enfers. Ainsi, progressivement les escales sur les axes entre Dakar, Louga et Saint-Louis ont cessé.

Thiès, principale ville également appelée " Capitale du rail ", tenta de résister jusqu'au début des années 2000. En 2003, l'Etat, à travers la société Senrail, décide de reprendre les choses en main. L'ambition de relance n'aura pas les effets escomptés. Ainsi, les gares perdent leur éclat. Et tout le système ferroviaire devient inexistant.

2022, début d'une nouvelle relance, six locomotives acquises

Pour réussir à faire renaître le système ferroviaire, le Sénégal a mis en place la société nationale "Chemins de fer du Sénégal", qui s'occupe des infrastructures ferroviaires. L'autre structure publique, "Grands trains du Sénégal" gère le matériel roulant devant permettre la reprise du système de transport.

Ainsi, six locomotives acquises en 2022 auprès d'une entreprise privée sud-africaine pour près de 3 milliards FCFA ont été mises sur rail. Elles ont d'abord été acheminées été à Bel-Air (près du Port de Dakar) pour des opérations techniques avant d'être transférées à Thiès.

Aujourd'hui, le départ et la reprise du trafic sont imminents. Les premiers voyages sont prévus pour le 1er septembre prochain, dans le cadre du Grand Magal de Touba. Il s'agit d'un événement majeur pour la communauté mouride qui mobilise en moyenne 3 à 4 millions de pèlerins chaque année.

Trois trains seront mis en circulation sur l'axe Thiès-Touba. Chacun pourra transporter jusqu'à 240 passagers. Il s'agira, de "vérifier l'état des rails (et) du matériel" et de faire en sorte "que les populations sentent que les trains ont repris la circulation".

L'axe Dakar Bamako… sur de bons rails

Dakar-Bamako, ces deux capitales de l'ex Fédération du Mali regroupant les deux pays étaient reliées par le rail. Les trains assuraient le transport des personnes, des biens et des marchandises. L'activité s'est arrêtée depuis 2018, cédant la place au transport routier.

Les travaux de réhabilitation du rail sont exécutés à 50% selon Malick Ndoye, directeur général des Chemins de fer du Sénégal (CFS). " Sur 10 mois de travaux, on a déjà un avancement de travaux physiques d'un peu plus de 50%. Donc, on est un peu plus en avance sur les prévisions qu'on avait en termes calendaires. Cela ne veut pas dire qu'on va atterrir confortablement, parce qu'au niveau de la zone de Tamba, on a quelques gros chantiers sur des ouvrages hydrauliques et autres qui ne sont pas complètement terminés ", explique Malick Ndoye, dans une interview accordée au quotidien national le Soleil.

La relance du rail permettra de soulager les routes, souvent dégradées par les charges des gros porteurs. Sur le corridor Dakar-Bamako, le flux de marchandises dépasse les 4 000 tonnes par an.

Mouhamadou Dieng

Publié le 21/08/23 09:45