La Zone de libre-échange des pays de la CEEAC annoncée pour août 2025

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Vingt et un ans après son lancement, la Zone de libre-échange (ZLE) de la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC) devrait enfin entrer en vigueur. Réunis à Malabo le 4 juin 2025, les chefs d'État des onze pays membres ont fixé la date du 30 août prochain pour le démarrage effectif du projet, initialement adopté en 2004. Cette annonce marque une étape décisive dans l'agenda de l'intégration régionale, dans une zone où les échanges intra-communautaires ne représentent toujours pas plus de 3 % du commerce total.

La mise en œuvre de la ZLE se fera de manière progressive, conformément au principe de ''géométrie variable'' inscrit dans le traité révisé de la CEEAC. Ainsi, seuls les pays considérés comme techniquement prêts appliqueront, dans un premier temps, les engagements liés à la libéralisation du commerce. Les autres intégreront progressivement le dispositif, au fur et à mesure de l'achèvement de leurs préparatifs, dont le niveau sera évalué lors d'une session du Comité technique spécialisé sur le Marché commun, prévue en juillet 2025.

Voir aussi- Début de mise en œuvre de la ZLECAf entre le Cameroun et le Ghana

La ZLE vise à éliminer les barrières tarifaires et non tarifaires entre les onze pays membres à savoir: L'Angola, le Burundi, le Cameroun, la République centrafricaine, le Congo, la République démocratique du Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale, le Rwanda, Sao Tomé-et-Principe et le Tchad, afin de stimuler le commerce régional. Toutefois, les obstacles structurels restent nombreux : procédures douanières lentes, exigence persistante de visas entre États, absence d'un tarif extérieur commun harmonisé, et faibles capacités administratives freinent encore l'intégration.

L'entrée en vigueur du Tarif Préférentiel CEEAC (TP/CEEAC) constitue l'une des étapes clés de la réforme. Ce mécanisme vise à accorder des réductions ou des exonérations de droits de douane aux produits d'origine régionale. Cependant, un rapport de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA) signalait dès 2019 que seuls quatre pays avaient mis en place les comités nationaux d'agrément nécessaires pour valider les produits éligibles. Depuis, des campagnes de renforcement des capacités ont été engagées avec l'appui du COPIL/CER-AC, organe chargé de la rationalisation des communautés économiques dans la sous-région. Malgré cela, plusieurs pays accusent toujours du retard.

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Cette relance de la ZLE s'inscrit également dans une perspective plus large : celle d'une convergence des politiques commerciales entre la CEEAC et la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC), qui regroupe six des onze membres de la CEEAC. Depuis 2009, le président camerounais Paul Biya a été mandaté pour piloter ce processus d'harmonisation. Parmi les avancées notables figure désormais un agrément unique signé conjointement par les deux institutions, en remplacement des autorisations distinctes qui prévalaient jusqu'alors. Une nouvelle grille tarifaire commune est également en discussion, préparant la voie à une union douanière élargie à l'ensemble des pays membres.

À terme, cette dynamique d'unification devrait permettre de transformer l'Afrique centrale, aujourd'hui composée de marchés nationaux fragmentés, représentant environ 50 millions de consommateurs dans le cas de la CEMAC, en un marché intégré d'environ 200 millions de personnes, avec un potentiel accru d'industrialisation et de compétitivité.

En toile de fond, la ZLE de la CEEAC est également perçue comme une étape préparatoire vers une intégration plus large au sein de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), qui regroupe déjà la quasi-totalité des pays du continent. En harmonisant ses règles commerciales, la sous-région espère renforcer sa position dans les échanges intra-africains et attirer davantage d'investissements orientés vers le marché intérieur.

Pour les partenaires techniques et financiers impliqués dans ce processus notamment la CEA et les institutions régionales le succès de cette initiative dépendra largement de la capacité des États à mettre en œuvre les réformes annoncées et à lever les blocages internes.

 

Perton Biyiha

La Rédaction

Publié le 10/06/25 09:27

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